Trop c’est trop !

Les dérèglements se succèdent et s’installent.

Cette légère instabilité, ce  « joyeux désordre » qu’est la vie, lorsqu’elle « dépasse les bornes » fait basculer la nature et notre existence dans le chaos et la perte de sens. Les dérèglements se succèdent et s’installent.

Le dérèglement sociétal où l’individu est dépossédé  de la raison d’être de ce qui le rassemble au profit d’intérêts  qui ne sont plus les siens et qui ne lui donnent plus la parole. Pourtant à l’origine les individus se sont rassemblés pour faire société et répondre ainsi à leurs besoins  de gouvernance des communs et à leurs besoins d’outils favorisant l’échange et la coopération comme la monnaie et la justice. La société n’est plus à leur service et bafoue toutes exigences démocratiques.

Le dérèglement social, résultat d’une vision du collectif où l’humain est devenu une variable d’ajustement, est la conséquence de l’abandon de toutes exigences de justice sociale.

Le dérèglement sanitaire  est le résultat de l’abandon des soins au profit d’une médicalisation à outrance et de la destruction de la biodiversité par  une approche inconséquente d’une « nature maîtrisée » et contrainte par une  débauche d’énergie dédiée à la production. Le mépris de ces équilibres naturels de notre corps et de la nature détruit le vivre ensemble et développe le chacun pour soi.

Le dérèglement spirituel en cours, qui dans un monde où tout se croise et où la perception de l’existence de l’autre et de ses exigences  est  prégnante et rend difficile l’acceptation des multiples croyances et modes de vie, aiguise les antagonismes et érode la possibilité du respect de la différence.

Le dérèglement géopolitique, conséquence croisée des quatre premiers dérèglements qui détruisent toutes valeurs humanistes, abolit toutes retenues dans les conquêtes. La guerre et le terrorisme remplacent la diplomatie.

Et la conséquence de tout cela … le dérèglement climatique qui lui va finir sans ménagement par mettre tout le monde d’accord.

Trop c’est trop.

Trop de valeurs abandonnées comme la raison d’être du collectif dédiée à la justice, à l’échange et à la coopération au profit d’une organisation dont l’objet est composé d’intérêt non­‑naturel comme le commerce, et la consommation. C’est le cas aussi de l’humanisme qui permet d’exister au travers de l’autre mais qui demande de se connaître soi même pour que  la satisfaction, devenue sans limites, de ses besoins  ne mène pas à l’abandon de l’émerveillement, principal régulateur de nos envies.

Faire face

Même si on peut ne pas savoir par où commencer, nous allons devoir faire face à cette transversalité des dérèglements ; la culture de l’écologie politique nous y prépare.

Ecrire ma colère ne suffit pas ; il y a ce qui peut être fait dans le cadre institutionnel et malheureusement, encore aujourd’hui, il n’y a plus à notre disposition que le bulletin de vote ou les rassemblements dans la rue.

Il y a aussi ce que nous pouvons porter individuellement en partant d’un postulat le plus évident et le plus large : Le monde est fini et notre désir est infini.

Aujourd’hui nous avons colonisé l’ensemble de la planète et l’utiliser plus est un suicide. Ce constat implique que notre désir infini doit se porter vers la sobriété ; cela sera notre force et la fondation de notre résilience.

La sobriété est un art de vie

La sobriété, dans toutes ses dimensions individuelles et collectives, est avant tout un art de vie non quantifiable et au seuil ajustable, ce n’est pas l’abstinence. Collectivement, cela devient une pensée politique apartisane puisqu’elle ne relève pas de la gestion, qui elle est partisane, mais de l’engagement de chacun et de tous. Pour exister, elle ne peut être que culturelle et imaginée, définie, conçue, aimée par l’individu. Le besoin de coopérer des individus, cherchant naturellement à être plus résilients, pousse à l’incorporer dans les règles de gestion du collectif, de gestion de l’Etat. Elle ne peut s’imposer, au risque certain d’être rejetée dans la continuité, ou obtenue par une contrainte vite inacceptable.

La sobriété se construit avant tout sur le partage.

Être sobre c’est limiter ses besoins, mais limiter ses besoins ne peut exister que lorsque l’on a satisfait ses besoins essentiels d’existence physiologique, physique et morale. La sobriété doit donc être vue comme un niveau « de vie » et non pas comme un chemin vers le toujours moins.

Elle passe par la recherche de satisfaction des besoins essentiels qui portent, en dehors de toutes choses, à avoir de la nourriture, avoir de l’eau, avoir un toit, avoir un air respirable, avoir des descendants, se construire en rencontrant l’autre et être sécurisé dans sa survie et sa santé. Tout individu doit pouvoir boire, manger, s’abriter, respirer et se perpétuer, échanger, se confronter et s’aimer, trouver un équilibre de vie constructif, créatif et rassurant. La sobriété ne peut exister que dans une société de partage assurant la satisfaction au minima de ces besoins naturels.

Nous avons accumulé une science et une culture qui nous permettent de dépasser ce stade presque animal et pourtant une partie de l’humanité n’y a pas accès. Si on doit parler de sobriété, l’État, représentant du collectif, se voit chargé de penser celle-ci comme un plus pour certains en assurant la satisfaction de leurs besoins naturels et une tempérance des besoins « dé-naturés » pour d’autres.

La sobriété est donc un point d’équilibre civilisationnel entre les besoins naturels et les besoins dé-naturés.

Cette sobriété rationnellement diverse n’est donc pas raisonnable.

« Quiconque est conduit par la Raison désire aussi pour les autres le bien qu’il désire pour lui-même » (Spinoza).

Elle est diverse parce qu’attaché à l’individu, à chaque individu.

Nous avons tendance parfois à penser que la sobriété c’est les petits gestes de notre quotidien. Mais avec le recul il est bien évident que ce n’est pas suffisant pour bousculer notre manière de vivre et construire un art de vivre. Par contre, l’intérêt de ces petits gestes se trouve dans la construction d’une prise de conscience de notre intempérance collective. Ils aident à construire le bon sens et participent à l’intuition. Ces petits gestes ne remettent pas en cause les fondements de nos excès, mais c’est la conscience de la sobriété de chacun qui construit la sobriété collective.

  • Individuellement, ces petits gestes reconnectent avec le naturel et nous éloignent du dé-naturé. Ils participent à notre éthique et construisent une morale sociétale. Nous devrions en être mieux conscients et le laisser transparaître avec plus de force dans les incitations à « ces économies » qui sont de fait assez limitées et contribuent, présentées ainsi, à une dévalorisation de l’imaginaire. (Sauf chez les enfants pour qui la notion d’économie est une valeur abstraite, et comme eux nous devrions nous attacher beaucoup plus à l’émerveillement.)
  • Collectivement la sobriété doit donc se construire comme un droit et un devoir dont le seuil qui les rend mitoyens est sans cesse à revoir.
  • Individuellement et collectivement, au vu de ce qui apparaît de plus en plus comme une urgence, que cela soit en raison d’un changement climatique à risque ou d’un sentiment d’une nécessaire transition sociétale, nous nous devons l’impératif de ne pas nous disperser et de mettre notre potentiel créatif au service d’une efficacité de la sobriété et non au service du productivisme.

Se confronter à l’autoritarisme qui se dit raisonnable.

Cette sobriété est un élément important de la morale « écologiste ». C’est un nouvel art de vivre. La construction de cette morale « écologiste » va rencontrer l’écueil habituel de l’autoritarisme raisonnable qui s’autorise à la combattre, sous couvert de pathologie sociétale.

La sobriété est un cheminement spirituel. C’est une attitude. Elle peut sans cesse être transmise, enrichie et partagée… La sobriété, qui est un bien immatériel, peut répondre à nos désirs infinis par l’émerveillement et la créativité attachée à cet art de vivre.

D’une certaine façon, la sobriété qui passe principalement par plus de techniques compréhensibles par chacun et par moins de technologies dont la maîtrise est réservée à des experts, amène une plus grande confiance en soi… chacun devient expert de sa sobriété.

La pire forme d’absurdité est d’accepter ce monde tel qu’il est aujourd’hui et de ne pas lutter pour un monde comme il devrait être. Jacques Brel.

Christian OLIVE

2 réflexions au sujet de “Trop c’est trop !

  1. D’accord, trop c’est trop ! Dans moins de trois semaines, la seule possibilité de sortir de la désespérance est d’amener JL Mélenchon au second tour. Tout serait possible pour EELV ensuite.

  2. franchement, vous pensez interpeller les masses laborieuses avec ce genre de discours !!!!!!
    totalement inaudible et incompréhensible, je comprends mieux pourquoi Jadot plafonne à 5%….

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *