N’abandonnons pas les Kurdes et les populations de Syrie

Je vous propose que nous soutenions toutes initiatives allant dans ce sens.

Appelons à soutenir massivement le Kurdistan syrien envahi par l’armée turque depuis le mercredi 9 octobre. Les bombes qui pleuvent sur ce territoire nous concernent tous-tes.

Depuis 2012 cette région au nord de la Syrie jouit d’une indépendance de fait et d’une administration autonome. Une expérimentation politique unique s’y déroule, basée sur la démocratie directe, les assemblées locales, le féminisme, l’écologie, et la cohabitation des différents peuples. Malgré toutes ses imperfections, cette expérience représente une vraie alternative et mérite d’être défendue.

Les enjeux de cette guerre sont immenses. Depuis 2013, les combattant-e-s kurdes et arabes des « Forces Démocratiques Syriennes » ont été au premier plan de la guerre contre Daech. Les voilà maintenant totalement lâché-e-s par la coalition internationale, qui s’en prétendait pourtant alliée. L’Union Européenne, qui sombre dans des politiques de plus en plus xénophobes, cède depuis des années au chantage d’Erdogan au sujet des millions de réfugiés syriens en Turquie. Elle reste bras croisés parce qu’elle ne souhaite surtout pas accueillir ces millions « d’indésirables » qui sont confinés dans des camps en Turquie depuis des années.

Ceux qui sont menacés par les bombes turques au Kurdistan syrien, ne sont pas seulement les populations kurdes mais toutes les populations civiles de la région : arabes, syriaques, arméniennes, turkmènes, assyriennes, etc. C’est la possibilité d’une coexistence pacifique entre de nombreuses minorités ethniques et confessionnelles qui risque d’être détruite par des massacres, des déplacements massifs et un nettoyage ethnique.

Dans cette région du « Croissant Fertile » aujourd’hui soumise à la destruction écologique, cette guerre vise aussi à prendre le contrôle des ressources naturelles. En annexant ce territoire, la Turquie cherche à s’accaparer en particulier l’eau de l’Euphrate et également son pétrole. Nous sommes solidaires de l’appel à mobilisation internationale des volontaires de la « Commune Internationaliste », et de leur effort pour préserver les ressources naturelles et reboiser la région.

Nous n’oublions pas que l’expérience d’autonomie du Kurdistan syrien a surgi dans le contexte de la révolution syrienne de 2011, écrasée dans le sang dans le silence total de la communauté internationale. Elle est reliée aux vagues de soulèvements populaires des « Printemps arabes » en 2011. Depuis un an, cette vague internationale de révolte populaire a repris, en Algérie, au Soudan, en Irak, à Hong-Kong, en France et ailleurs. Nous en sommes profondément solidaires.

Nous dénonçons l’hypocrisie et la complicité des grandes puissances internationales. Si l’armée turque s’autorise à bombarder le Rojava, c’est parce que les États-Unis, la France, l’Allemagne et d’autres États le veulent bien. Des « conférences climat » aux « Conseils de sécurité », c’est la même hypocrisie géopolitique qui règne. Une hypocrisie sanglante qui mène à l’effondrement du vivant sur la Terre, et à la destruction de toutes les alternatives politiques à ce système capitaliste, patriarcal et raciste.

Nous exigeons de l’État français, l’Union Européenne et la communauté internationale :

• L’arrêt immédiat de la guerre menée par l’État turc.
• La constitution immédiate d’une zone d’exclusion aérienne au dessus de la région.
• La reconnaissance de l’autonomie et l’indépendance de « l’Administration autonome de la Syrie du Nord et de l’Est ».

N’abandonnons pas les Kurdes et les populations de Syrie

https://www.liberation.fr/debats/2019/10/11/n-abandonnons-pas-les-kurdes-et-les-populations-de-syrie_1756743

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