Loi immigration : humanistes, réveillez-vous !

Plus de 380 élu.es écologistes exhortent les parlementaires à dépasser leurs divergences et de rejeter
une nouvelle fois le texte de la loi qui s’inscrit dans une dynamique de criminalisation et de
stigmatisation des personnes en migration.

Emmanuel Macron a été élu contre le projet délétère du Rassemblement national (RN). La majorité
présidentielle et le gouvernement propagent pourtant leurs idées : reprise de la rhétorique de
« l’appel d’air » et invocation de la protection des Français·es pour légiférer sur l’immigration, quoi
qu’il en coûte. Bien qu’une motion de rejet ait été votée à l’Assemblée nationale pour repousser les
discours haineux de l’extrême droite loin de ses bancs, ils réapparaissent aujourd’hui suite à des
tractations à huis clos. Face à l’importance des enjeux pour notre République, nous exhortons les
élu·es de l’arc républicain à dépasser leurs divergences : Humanistes, rejetez ce texte !


Le débat parlementaire a déjà franchi de nombreuses lignes rouges, nous éloignant de nos valeurs
républicaines d’égalité et de fraternité. Au Sénat, le centre et la droite républicaine ont fait voter la
préférence nationale, si chère à la droite extrême, restreignant ainsi l’accès aux soins et aux prestations sociales. Ils ont présenté l’immigration comme un problème et ont instauré une présomption de majorité pour les mineur·es non accompagné·es. Face aux sirènes du populisme, la droite sociale et le gaullisme abandonnent un pilier essentiel de la cohésion sociale.


La loi de Gérald Darmanin accroît l’arbitraire et l’injustice de la délivrance de titres de séjour en renforçant le pouvoir discrétionnaire de l’administration. Elle condamne ainsi des dizaines de milliers de femmes et d’hommes à un cercle infernal : travailler à n’importe quel prix pour avoir des papiers, détenir des papiers pour obtenir des fiches de paie… Où est passée la France qui saluait le dévouement des travailleur·euses étranger·ères durant la pandémie de Covid-19 ?

Un assortiment de mesures répressives et discriminantes.

L’installation de 115 000 Ukrainien·nes en moins d’un an démontre qu’une autre politique migratoire est possible, que notre pays a les capacités d’accueillir dignement. Ce projet de loi immigration s’inscrit dans une dynamique de criminalisation et de stigmatisation des personnes en migration, portée par la droite et le centre au niveau national et européen. Le pacte sur l’asile et la migration en cours de négociation, loin de régler les défaillances du règlement Dublin, n’est qu’un assortiment de mesures répressives et discriminantes, visant à enfermer de plus et plus longtemps et à expulser celles et ceux qui fuient leur pays.

À Bruxelles, la majorité des Etats membres et les eurodéputé·es du centre et de la droite défendent l’utilisation des fonds européens pour ériger des murs et des barrières aux frontières extérieures de l’Union européenne (UE), quand ils seraient plus utiles à l’application d’une politique d’accueil qui protège la dignité et les droits des personnes. Quel est donc l’intérêt d’une 29e loi française sur l’immigration en quarante ans ?

L’Europe ne peut traiter des personnes en quête de protection comme des suspect·es de crime, y compris des enfants de 6 ans dont les empreintes digitales et faciales seront récoltées. L’humanisme, l’égalité des droits et la solidarité sont les pierres angulaires de notre identité européenne. Elu·es de progrès, humanistes et écologistes, nous demandons aux parlementaires et aux ministres de clarifier leur position et de réaffirmer leur engagement envers une Europe juste, inclusive et respectueuse des droits humains. Nos dirigeant·es et nos représentant·es ne peuvent pas renier la culture d’hospitalité et l’histoire humaniste de notre République. Nous leur demandons d’être aux côtés des territoires, des associations et des citoyen·nes pour faire face à l’urgence humanitaire et garantir à toutes et à tous un accueil digne.


Premier·ères signataires : Christine Arrighi, Députée de la Haute-Garonne, Jeanne Barseghian, Maire de Strasbourg, Benjamin Badouard, Coprésident du groupe les Ecologistes à la métropole de Lyon ; Pascal Barbier, Conseiller municipal et communautaire de Plaisance-du-Touch ; Julien Bayou, Député de Paris ; Guy Benarroche, Sénateur des Bouches-du-Rhône ; Catherine Candelier, Conseillère municipale de Sèvres ; Cyrielle Chatelain, Présidente du groupe écologiste à l’Assemblée nationale ; David Cormand, Député européen ; Emilie Ducourant, Conseillère municipale de Bailleul ; Jean-Luc Dumesnil, Conseiller régional de l’Ile-de-France ; Lucie Etonno, Conseillère régionale des Pays-de-la-Loire ; Guillaume Gontard, Président du groupe Ecologie – Solidarité et Territoires au Sénat ; Catherine Hervieu, Présidente de la Fédération des élu·es verts et écologistes (Feve) et conseillère départementale de la Côte-d’Or ; Christian Métairie, Maire d’Arcueil ; Clément Rossignol-Puech, Maire de Bègles ; Magali Sautreuil, Conseillère régionale du Centre-Val-de-Loire ; Ghislaine Senée, Sénatrice des Yvelines ; Marie Toussaint, Députée européenne ; Anne Vignot, Maire de Besançon et présidente de Grand Besançon Métropole… La liste complète des signataires.