Le papillon dans la soupe

Zéro député écologiste à l’Assemblée nationale dans le pays qui a organisé la Conférence de Paris de 2015 sur les changements climatiques : personnellement, je trouve cette situation tellement absurde que je suis atterré !

Un parti a voulu défendre l’idée écologiste en considérant que, puisque l’écologie est massacrée par les politiques, il fallait faire une écologie politique.

Mais pour moi c’est la règle du jeu politique qui est précisément la cause de ce massacre de la nature. Donc vouloir jouer ce même jeu nous mettait en contradiction en raison de la nature-même de ce jeu politique. Autrement dit, celui qui veut moins d’argent ne joue pas au poker.

Comment ce jeu politique fonctionne-t-il ? Des individus se rassemblent pour prendre le pouvoir. Pour se rassembler, il est plus facile de vouloir améliorer l’existant, que tout le monde connait, que de vouloir en changer, car alors chacun a une vision différente du changement. Donc gagner du pouvoir se fait toujours au centre, par le pragmatisme, le banal, rarement dans l’innovation, forcément minoritaire comme toute idée nouvelle.

Au fait, le pouvoir pour quoi faire ? Pour résoudre des problèmes ? Mais si un problème est résolu, le pouvoir n’a plus aucune de raison d’être. Alors le pouvoir qui se source dans l’existence des problèmes n’a aucun intérêt à les résoudre, juste faire des réformes pour faire bien et montrer qu’il s’en occupe. L’efficacité doit rester dans l’apparence, surtout ne pas devenir réelle. Le chiffre du chômage doit fluctuer mais surtout ne pas disparaitre. Voyons : à quoi serviraient tous ces politiciens ? Si vous n’êtes pas d’accord avec ces visions pessimistes du pouvoir, contentez vous d’observer dans quels pays le pouvoir est le plus fort et dans quels pays les problèmes sont les plus évidents. Plus il y a de pouvoir, plus il y a de problèmes. Le pouvoir est le problème.

Le contrepouvoir est dans la démocratie, quand le peuple se dirige lui-même. En France, on n’est pas dans une démocratie, la preuve se révèle déjà dans la constitution elle-même qui définit d’abord le statut du président, ensuite celui du gouvernement, et enfin condescend à parler de l’Assemblée nationale. Alors nos foires électorales mettent toujours à la tête du pays les mêmes tenants du productivisme et du libéralisme.

EELV aurait pu proposer de changer de jeu politique. La Coopérative en était l’outil, mais le clinquant médiatique et le jeu politique ont séduit des cadres qui ont mesuré leur efficacité à leur temps de présence sur les médias plus qu’aux idées transmises dans les actes. Le pragmatisme, valeur motrice du productivisme, est devenu leur langage. La réussite immédiate a remplacé le message. Être au sein du gouvernement serait plus efficace que militer dans des associations de terrain. Fouler des moquettes est plus valorisant que marcher dans la boue, mais valorisant pour des individualités, pas pour des idées. Le pragmatisme a tué l’éthique. Or l’écologie est foncièrement éthique, elle ne peut pas enter dans ce jeu politique actuel. Un enfant comprend vite qu’on ne met pas des ronds dans des carrés, mais un politique ne comprend pas qu’on ne puisse pas mettre une idée écolo dans une boite productiviste, même si on met un ministre écolo au sein d’un pouvoir oligarchique.

Jadot a choisi Hamon contre Mélenchon, alors que l’écologie était le meilleur ciment entre deux élans voisins, soutenus par une volonté populaire, qui aurait pu apporter bien plus qu’une réussite, un formidable espoir pour la planète entière.

Les Insoumis ne pouvaient pas voter pour Hamon, vu la trahison du PS. Les socialistes dissidents ne pouvaient pas voter pour Mélenchon, le considérant aussi comme un traitre. Mais tous auraient pu voter, non pas pour Jadot ou EELV, mais pour un regroupement fondé sur des idées et non sur des leaders. Jadot aurait pu servir de lien entre Hamon et Mélenchon, sans qu’aucun des deux camps n’ait l’impression de se désister pour l’autre.

Cela ne s’est pas fait. Les Insoumis ne pouvaient renier leur longue préparation. Hamon, surpris, était ficelé par son parti. Et Jadot s’est bradé, croyant en ce principe politique : « C’est toujours le plus au centre qui gagne » ! Il a choisi de jouer politique et non écologiste. Oh il n’est pas seul responsable, c’est tout une meute de « politiques » qui calculent comment arriver à leurs fins, quand la stratégie efface la nature même du projet.

Donc aujourd’hui plus rien, plus d’écologie au pouvoir, l’écologie retourne dans les champs.

Alors que faire ?

Apprenez que l’écologie est une science qui, précisément, vous donne les réponses. Les graines vivent dans le terreau et poussent si on les arrose. Les idées naissent dans les souffrances et grandissent, si on s’en occupe, sauf que pour réussir son jardin il vaut mieux se tourner vers la terre que regarder le ciel. Tout ce que nous ferons en local sera positif. Je n’espère plus que des changements viennent d’en haut, je ne suis pas croyant, même pas envers Macron ! Ne faisons plus de l’écologie politique, mais réalisons, partout où nous pouvons faire une politique écologique, que l’écologie n’est pas un tremplin vers le pouvoir, mais un refus de la notion de pouvoir. Aucune espèce n’a de pouvoir sur les autres, la diversité est le gage de la réussite. Ce n’est plus « rassemblons nous tous ensemble », mais « agissons dans toutes les directions, explorons toutes les idées nouvelles ». Acceptons de débattre et de nous compléter.

Le mouvement écologiste aura décoré tous les programmes d’un peu de vert sans changer leur rouille interne.

Mais je ne suis pas cohérent, car débattre aujourd’hui quand l’écologie est en pleine tempête, c’est trop tard. Quand le navire est au port, débattre du voyage entre tous est facile, c’est une question d’opinions. Quand il navigue, chacun est à son poste, il n’y a moins de débat, c’est une question de compétences. Mais quand il est en pleine tempête, plus question de discuter, mieux vaut suivre l’idée d’un seul qui décide et tranche que de choisir qui pourrait être le meilleur. Un seul but : sauver le navire, chacun à son poste, et il faut devenir croyant en l’avenir !

Touchés, coulés ?

Alain Persat Coopérateur EELV Marseille

Une réflexion au sujet de “Le papillon dans la soupe

  1. Bonsoir, c’est à cause du pouvoir et de la politique hiérarchisée?
    On est tous dans la merde?
    Tu es fataliste? Tu ne cois plus? On fait des bataillons de pingoins locaux, pour le symbole?
    Seule la terre suffit?
    Tu es hors système.
    Essaye le TGV Marseilles Saint Charles > Paris gare de Lyon plutot que l’avion.

    Amitiés

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