Européennes, (in)succès de l’écologie politique.

Victoire ! Sur 33 listes aux Européennes, la presque totalité revendique son amour pour l’écologie, que ce soit au premier plan (EELV, Urgence écolo, etc.) ou en arrière (arrière) plan. Il faut dire que le contexte s’y prête. Rappelons-nous une tribune de l’acteur Philippe Torreton* :

« La tragédie humaine a commencé et promet d’être terrible. Les animaux disparaissent, les contrées sauvages rétrécissent, les glaces fondent de plus en plus vite, les records de chaleur s’accumulent, les matières premières se raréfient, les peuples se crispent et les populismes prolifèrent… Face à l’urgence de changer nos modes de vie, il serait logique de rassembler toutes les forces vives du pays pour se lancer dans la mère de toutes les batailles : la sauvegarde de l’habitabilité de la planète. Il nous faut une seule liste aux européennes… »

Rappelons-nous Ségolène Royal qui suggérait un temps de prendre la tête d’une liste « écolo », puis d’être numéro deux sur une liste d’union qui serait conduite par Yannick Jadot.

Rappelons-nous le débauchage de Canfin et Durand par Macron pour les Européennes.

Rappelons-nous la récupération de Place publique et Claire Nouvian par le PS.

L’unité autour de l’écologie semble à tous absolument nécessaire, donc ce sera l’unité dans la diversité, tactiques politiciennes exigent. Imaginer que ceux qui veulent détenir le pouvoir et ceux qui nous conduisent dans le mur puissent se prendre la main pour arrêter la catastrophe en marche est un leurre.

Dans la course électorale, c’est chacun pour soi en espérant quelques miettes ou l’élection pour sa pomme. Rappelons-nous aussi les tentatives d’union autour de Benoît Hamon, Mélenchon et Yannick pour la présidentielle.

La recherche de l’unité transversale qui est la raison d’être de notre coopérative EELV est un échec cuisant. Vouloir rapprocher des structures qui ont leur propres leaders et leurs raisons d’être particulières semble tâche de Sisyphe. Rêver d’une liste unique exprime la difficulté à vivre la démocratie avec des gens n’ayant pas la même sensibilité et surtout pas les mêmes priorités. Alors, insuccès de l’écologie politique ?

La revendication de thématiques écolos par des partis très différents montre au contraire que les idées générales dont nous sommes porteurs infusent la société dans son ensemble. Il se forme un peuple écolo. Minoritaires deviennent les personnes qui croient encore que la croissance économique et l’emploi sont plus importants que la sauvegarde de notre environnement. Nos jeunes commencent à faire des grèves scolaires pour le climat. Des militants font de l’entrisme dans différents partis pour faire évoluer les vieilles institutions dans le bon sens, celui de la sensibilité écolo. Je pense depuis toujours que l’élection est bien un piège à con, que l’essentiel ne se situe pas dans la joute électorale mais dans le changement culturel.

A mon avis, la tâche principale de la Coopérative n’est pas de tenter un rapprochement de structures inconciliables, mais de formuler et diffuser un langage commun dans la société. D’où ma proposition d’un tel atelier aux prochaines JDE de Toulouse…

Michel Sourrouille

Coopérateur EELV

Poitou-Charentes

* Philippe Torreton, « Le combat pour enrayer le réchauffement climatique conditionne tous les autres », Le Monde du 22 février 2019.

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