Croissance ou décroissance ?

En biologie, une graine germe, un arbre croit se reproduit, grandit jusqu’à la plus grande taille, vieillit et meure. Ses restes brûlent ou passent au compost pour servir aux autres arbres.

En économie, une entreprise nait, s’organise, grandit, vieillit jusqu’à ce qu’elle dépose le bilan. Elle est détruite et parfois certains restes sont réutilisés par d’autres.

La notion de croissance semble inéluctable, c’est un processus naturel mais avec ses limites…

Un virus mute il se reproduit, se répand, et meure avec la population, si elle ne sait pas s’en protéger.

Un cancer apparait il grandit, se répand, et meure avec l’organisme qui l’héberge malgré lui.

La croissance n’est pas toujours un bienfait sans limite. Elle peut détruire.

En écologie la croissance d’une espèce permet la croissance de son prédateur, ce qui limite sa propre croissance, jusqu’à l’équilibre. La proie a souvent autant de chances de s’échapper que le prédateur de capturer sa proie.

Sans prédateur une espèce croit au-delà du raisonnable et détruit son propre environnement qui la détruit à son tour, laissant l’espace dégradé. Trop de moutons dans des pays arides contribuent à leur désertification.

En écologie, une croissance est limitée par une autre croissance, l’équilibre par la prédation.

Caricatures en exemple :

Avec trop de voitures, rouler en vélo devient dangereux et les vélos disparaissent.

Avec trop de vélos, rouler en voiture devient impossible, et les voitures disparaissent, brimant en plus tous ceux qui ne peuvent pas faire de vélo.

S’il y a de plus en plus de vélos, la croissance des voitures baisse, mais la demande en essence baisse, donc son prix, et il redevient intéressant de rouler en voiture. Un équilibre s’établit entrainant un partage de l’espace public.

Tout déséquilibre est catastrophique.

L’économie actuelle a réussi à détruire la plupart de ses prédateurs.

L’existence d’un « communisme » pouvait limiter le pouvoir de prédation du capitalisme. Mais aujourd’hui sans l’équilibre d’un système concurrent, l’explosion des productions détruit la planète.

Au passage ce communisme n’en avait que le nom car pour moi le stalinisme a autant à voir avec le communisme, que le viol à l’amour.

Le crédit sert de moteur à cette croissance délirante, il permet de consommer ce que nous n’avons pas encore été capable de gagner. Aux entreprises, il autorise de produire plus d’énergie et de matières que nécessaire. Aux consommateurs, il permet ensuite de vendre ces surproductions. Cette dette résultante est la cause de la dette écologique envers notre planète.

Ce fonctionnement monétaire est fondé sur la confiance en notre modèle économique construit sur la croissance. Si cette confiance est trahie, il ne restera plus que les guerres comme moyen d’échange, mais la vie sur terre ne s’en remettrait pas, peut-être même définitivement.

Une monnaie concurrente construite sur d’autres bases, telles que le travail effectivement réalisé, sans crédit possible, pourrait concurrencer les monnaies actuelles. Dommage que les monnaies locales fonctionnant sur le même modèle monétaire n’aient pas cette fonction.

La première cause de la croissance reste la surpopulation, mais il existe une contradiction : la démocratie considère que le choix du plus grand nombre est le meilleur, ce qui n’a d’ailleurs jamais été démontré : son seul avantage est de faire en théorie le plus petit nombre de mécontents.

L’ennui est que ce plus grand nombre peut très bien être détourné par les compétences sémantiques des classes dirigeantes et il leur est facile de contenter les uns en pillant les autres. Des peuples en lutte espèrent alors gagner par leur nombre, et poussent à la natalité, de même que des producteurs espérant aussi plus d’ouvriers et de clients pour leurs profits.

La lutte contre la surpopulation nécessite une reconsidération des processus de décision démocratique avec un changement profond des processus économiques remplaçant le profit (nécessité issue des crédits) par l’utilité. Remplacer la valeur marchande par la valeur d’usage.

Mais le plus efficace est la civilisation, qui avec l’art et les sciences, les sports et les jeux, le confort et la sécurité, sera le meilleur atout pour réduire la surpopulation.

Il semble que l’évolution démographique va heureusement dans ce sens, mais l’inertie des pyramides des âges mettra du temps à montrer un effet réel, surtout qu’un vieillissement des populations entraine un surcoût des prélèvements sur les plus jeunes, poussant les décisionnaires à relancer une politique nataliste, faute d’imaginer un nouveau mode de financement des retraites.

Au risque de choquer, je pense même que l’acceptation des risques médicaux ou accidentels, au lieu de cette recherche illimitée du risque zéro confinant les populations dans un cocon sécuritaire, serait utile pour réintroduire une forme de sélection naturelle indispensable à la survie de notre espèce.

Au risque de déplaire, je suis passionné de découvrir nos formidables progrès en sciences, en technologie, en mécanique, en connaissances, et cette croissance exponentielle des connaissances et des communications, mais horrifié de voir la croissance des injustices, des manipulations sémantiques, des modifications génétiques, des techniques militaires, des risques planétaires.

Se battre contre la croissance en envisageant une décroissance contre nature n’a pas de sens. Faire le choix de ce qu’il faut laisser croitre et ce qu’il faut freiner est plus logique. Il faut surtout construire un équilibre des croissances, chacune limitant l’autre.

Alain Persat,

Coopérateur EELV,

Provence-Alpes-Côte d’Azur

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