Ce que nous mangeons et la perte de biodiversité

Nicolas Hulot a présenté le 18 juin des pistes pour mobiliser autour d’une biodiversité en danger. Selon le ministre de la transition écologique et solidaire, « L’homme est devenu une arme de destruction massive contre la nature. Je veux aujourd’hui sonner le tocsin et lancer ce cri de mobilisation générale ». M. Hulot n’a en revanche qu’esquissé les contours de la future loi, sans en préciser le contenu. Rappelons que sous Hollande la loi pour « la reconquête de la biodiversité, de la nature et des paysages » avait été promulguée le 8 août 2016. Qu’est-ce que cela a changé ?

Mais il y a quelque chose qui nous interpelle directement dans le discours de Nicolas : « Il y a des extinctions invisibles et silencieuses dont on s’accommode tous les jours, eh bien je vous le dis, tout seul, je n’y arriverai pas… ». Nous sommes en effet concernés, par exemple dans notre alimentation.

Géo, le mensuel de la nature, avait réussi l’exploit de publier une pub pour Nutella, symbole de la consommation d’huile de palme, juste avant un reportage photo poignant sur l’orang-outan, « dont l’habitat se réduit sous l’effet de la déforestation, liée à l’exploitation de l’huile de palme ». Un lecteur s’en est ému, le rédac chef de Géo lui a répondu : « Comme vous, je suis attaché au respect de la liberté d’expression… Les annonceurs sont libres de présenter leurs produits au consommateur… Le consommateur de son côté est libre d’acheter le produit ou pas. » (Le Canard enchaîné du 16 mai 2018).

D’un point de vue économique, il faut rappeler le mécanisme de la « filière inversée ». Le consommateur de Nutella est pris dans un étau social qui l’oblige à céder aux sirènes du matraquage publicitaire. Dans la théorie libérale du marché, le consommateur est le décideur, votant par ses achats, de ce qu’il faut produire et distribuer. En fait, il s’agit d’un consommateur manipulé, aliéné, étranger à ce qu’il devrait être. C’est Galbraith qui parlait de filière inversée. Dans le système de publicité de masse, ce n’est plus le consommateur qui dicte ses choix aux entreprises, ce sont les entreprises qui incitent les gens à « aimer » leurs produits. L’entreprise Nutella modèle les désirs des grands et des petits, l’idée du consommateur-roi est un mythe. L’enfant bourré au Nutella n’a aucun droit à la « liberté d’expression » et les parents font généralement comme l’enfant « décide ». Si tu veux agir pour préserver la biodiversité, incite tes proches à ne pas manger de Nutella et, contre la publicité, adhère au R.A.P. (résistance à l’agression publicitaire).

Michel Sourrouille

Coopérateur EELV

Poitou-Charentes

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