DETTE ? CONTINUUM DE MARCHÉ ?

« Une dette est jugée illégitime lorsqu’elle résulte de décisions prises sans respecter l’intérêt général ou au préjudice de l’intérêt général. Par exemple quand elle résulte d’une politique délibérée pour privilégier une classe sociale au détriment du reste de la société, quand elle comble le trou laissé par les baisses d’impôts, quand elle provient du sauvetage, sans contrepartie, d’institutions financières privées responsables de la crise, quand les intérêts versés augmentent sans fin (effet boule de neige), en cas de taux usuraire, ou quand les conditions de prêt violent les droits économiques, sociaux ou politiques des citoyens.»

Robert Joumard – 17/08/2014

« La dette de tous fait la rente de quelques-uns »

« Portée par les avancées de la technologie et la sophistication croissante des outils mathématiques à la disposition des intervenants de marché, l’innovation financière — que l’on peut ici définir comme la capacité à modéliser puis à rendre négociables une variété toujours plus étendue de profils de risques financiers — est l’un des facteurs du développement extraordinaire des marchés financiers au cours des dernières décennies. Les marchés de capitaux sont ainsi devenus le lieu d’une perpétuelle transformation, selon deux axes majeurs : d’une part, une extension régulière de leur périmètre, lequel englobe un nombre sans cesse croissant d’instruments financiers susceptibles d’y être négociés ; d’autre part, un décloisonnement des différents compartiments qui les composent. Ce double mouvement de « marchéisation » et de décloisonnement contribue à la mise en place progressive d’un « continuum » de marché, c’est-à-dire d’une situation dans laquelle la multiplication des passerelles entre les diverses composantes des marchés financiers, les diverses classes d’actifs, se traduit par des interactions et une intégration de plus en plus fortes de ces composantes. » (…)

…Ainsi isolée, la matière première que constitue le risque de crédit peut être achetée et vendue (les dérivés de crédit permettent de prendre directement une position à l’amélioration ou à la dégradation d’un risque de crédit spécifique).

Source : https://www.banquefrance.fr/fileadmin/user_upload/banque_de_france/archipel/publications/bdf_rsf/etudes_bdf_rsf/bdf_rsf_02_etu_2.pdf

…« Les déficits successifs de l’État et donc sa dette ne sont donc en rien dus à des dépenses trop élevées – on dépense de moins en moins pour le service public de l’État, mais à la chute de ses recettes… Ces 106 Md € de recettes perdues par rapport à 1978 pourraient financer 2,3 millions d’emplois, au coût moyen d’un emploi, cotisations sociales comprises mais hors coût d’équipement des postes de travail. (…)

La dette publique est donc due à de la fraude (évasion fiscale, fraude fiscale et sociale), à des transferts en faveur des plus riches non justifiés par l’intérêt général

(cadeaux fiscaux, intérêts excessifs), enfin à la crise économique et financière créée par les pratiques spéculatives des milieux financiers à leur seul profit et au détriment du plus grand nombre. La dette publique française est donc construite, car c’est la conséquence de décisions politiques des trente ou quarante dernières années (cadeaux fiscaux, interdiction d’emprunter aux banques centrales, libéralisation totale des mouvements de capitaux, secret bancaire permettant la fraude, etc.). Ces décisions politiques ayant eu pour effet de favoriser outrageusement une petite partie de la population au détriment de l’intérêt général et la fraude étant directement à l’origine d’une partie de la dette, nous avons là des arguments forts pour estimer la dette publique française illégitime, en totalité.

La dette publique avec son cortège d’injonctions, de soumissions et de politiques austéritaires apparaît alors comme une véritable arnaque intellectuelle, un outil idéologique. En effet, cette dette illégitime est un merveilleux outil de culpabilisation des citoyens, une arme conçue pour réduire et supprimer les droits et avantages sociaux du plus grand nombre acquis par la mobilisation des générations précédentes, un outil au service de l’oligarchie, et enfin un outil de division des peuples (…) La baisse des recettes publiques induit d’autre part la baisse du service public et son remplacement progressif par des services privés moins accessibles. (…)

Source : https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-01250473/document

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