Face à la montée des nationalismes, conséquence d’une mondialisation et de l’incapacité de saisir l’importance du local et du temps long, le soulèvement des Gilets jaunes risque, paradoxalement, de renforcer un État aux abois, peu à même de dépasser le mépris chronique qu’il affiche pour les gens fragiles, d’autant plus qu’il parie sur la robotisation généralisée et la peur des violences, même si le soutien des Français a forcé le pouvoir à changer de méthode.
La situation est délicate, car les ingrédients à mettre dans le chaudron, pour un Grenelle du « pouvoir vivre » ne sont ni clairement identifiés, ni l’objet d’une analyse systémique, permettant de parvenir à des solutions acceptables pour toutes et tous. Il suffit de voir la réduction des sujets proposés pour la grande concertation.
Tout en gardant un calme total dans les tempêtes qui vont ressurgir, nous avons intérêt à nous focaliser sur la méthode qui nous parait la plus opérationnelle pour réussir l’indispensable concertation, plutôt que sur des mesures particulières.
On pourrait définir quelques éléments de base aptes à servir de guide pour un traitement des divergences patentes, lesquelles ont été jusqu’à provoquer de violents combats entre fractions rivales dans la rue.
- La perpétuation de la folie de la croissance des inégalités de revenus est impensable.
- La fuite en avant vers plus de dépenses dans tous les domaines est aussi une voie de garage.
- Le dialogue doit se dérouler, avec toutes les composantes de la société, en faisant appel à des médiateurs aguerris, en suivant la seule méthode qui marche, en procédant en trois temps : identifier les accords maximaux de base, se mettre d’accord sur les désaccords et élaborer des scénarios appropriés.
- Il est nécessaire de dégager en priorité des pistes qui ne laissent personne sur le carreau et qui montrent les chemins d’une meilleure gestion des dépenses et d’un contrôle non contesté des dérives dues à l’absence d’une éthique partagée.
- Il y a probablement besoin de créer une instance reconnue de médiation-évaluation des mesures dégagées qui ait la même autorité que la Cour des comptes.
- Pour piloter le long terme et le court terme, il y a besoin d’aboutir à des scénarios décrivant ce que nous souhaitons pour tout le monde : un toit, de la nourriture, une formation appropriée, une activité épanouissante, la capacité à fréquenter et utiliser des réseaux pertinents dans un monde le plus pacifié possible. Le tout, en excluant le plus rapidement possible ce qui aggrave les déséquilibres écologiques connus (cycle de l’eau, épuisement des ressources, pollutions multiples) en cultivant une biodiversité concrète, sensible et conceptuelle.
Antoine Valabregue
Coopérateur EELV
Languedoc-Roussillon