Résilience commune : une convergence des initiatives citoyennes pour les élections à venir ?
Depuis plus d’un an, ont fleuri de nombreuses initiatives de rassemblement des forces de la solidarité et des écologistes pour changer la société française, sans que l’une d’entre elles ait percé auprès du large public auquel elles sont censées s’adresser.
La multiplicité de ces initiatives, ne s’adressant chacune qu’à un sous-ensemble de tous les courants possibles, fait qu’elles sont toutes vouées à l’échec, car elles se font concurrence.
Un récent appel à la convergence de toutes ces initiatives venant de la Génération climat, réunies dans un collectif d’organisations, qu’ils ont nommé Résilience commune, va peut être réussir à les fédérer. Un weekend de mobilisation nationale va être organisé par ces jeunes mi-octobre, dans l’objectif d’obtenir qu’un seul représentant de tous ces courants ne se présente aux élections présidentielles de 2022. Ce n’est pas gagné, car les principaux partis politiques de ces courants sont déjà dans une démarche de choix de leurs représentants à cette élection, et ils ne sont pas prêts à lâcher leurs prérogatives dans ce domaine. Mais le futur est toujours différent de celui que l’on avait envisagé, et le Réseau coopératif EELV pourrait apporter son soutien à cette initiative de la jeunesse, car elle est conforme à notre raison d’être, qui est de rassembler tous les militants des différents courants de l’écologie dans notre structure coopérative, sous condition de respecter la Charte des verts mondiaux.
Seulement, dans une hypothèse heureuse du succès de cette initiative de la jeunesse, qui aurait alors de mon point de vue une réelle chance d’élire un ou une présidente de la République française, ce n’est pas pour autant que les défauts de la cinquième constitution seront gommés. Pour cela, il faudrait élire aussi au Parlement une majorité issue de tous ces courants de la solidarité et de l’écologie. Cela signifie qu’il faudra choisir, non seulement une personnalité nationale reconnue par tous ces courants, mais aussi 577 personnalités prêtes à porter les grandes réformes à mener, dont celle d’une nouvelle constitution pour mettre fin à cette démocratie autocratique. Pour cette dernière réforme, il faudra aussi avoir un Sénat qui soit a minima bienveillant par rapport au projet de nouvelle constitution.
C’est pourquoi, si cette idée de convergence des initiatives va dans le bon sens, elle n’est pas suffisante. L’Archipel de l’écologie et des solidarités, dont le Réseau coopératif EELV est l’un des membres fondateurs, en s’inscrivant sur le long terme, porte cet objectif de transformation de la société, qui passe par une nouvelle constitution qui, si tout se passe bien en 2022, ne pourra aboutir au mieux qu’en 2024, après le renouvellement de la moitié du Sénat en 2023.
L’une des propositions de l’Archipel de l’écologie et des solidarités, concernant toutes les élections, qu’elles soient européenne, présidentielle ou municipale, est de privilégier le vote sans candidat. Un tel vote permet de faire émerger la ou les personnes les plus consensuelles, grâce à un processus de notation de personnalités par un panel de citoyens du territoire concerné par l’élection, celles qui leur semblent les plus à même de tenir le ou les postes cibles. Il en a été ainsi dernièrement aux élections municipales où, dans plusieurs grandes villes(1), sont apparus des têtes de liste qui, bien qu’encartées au Parti EELV, n’avaient pas été placées à ce poste par un vote du Groupe local EELV de la ville, mais par un vote sans candidat beaucoup plus ouvert. L’usage du processus de vote sans candidat ayant fait ses preuves aux municipales, pourquoi ne pas l’utiliser aux autres élections à venir et notamment aux présidentielles et législatives de 2022 ?
Si par malheur la volonté de la majorité des partis politiques de gauche ou écologistes est de continuer dans leurs idées de primaires partisanes, cet espoir de renouvellement démocratique sera décalé de cinq années, soit une potentielle sixième constitution en 2029, avec tous les risques de dictature ou de désastres écologiques associés durant la période 2022-2029.
La présence de la Coopérative EELV dans les instances permettant d’éviter ce scénario catastrophe, que ce soit au sein de l’Agora EELV, où nous dialoguons d’égal à égal avec les représentants du Parti EELV, mais aussi de l’Archipel de l’écologie et des solidarités, où nous sommes l’une des forces motrices, nous a permis d’acquérir depuis dix ans une influence décisive et de peser sur le renouvellement des pratiques démocratiques en politique, malgré le faible nombre de nos cotisants.
Denis Guenneau,
Coopérateur EELV,
Provence-Alpes-Côte d’Azur
(1) Poitiers, Toulouse, …, mais ce fut aussi le cas à Grenoble en 2014