Quelle que soit la couleur de notre gilet, jaune, orange, rouge ou vert…

Que cela soit le mouvement des « gilets jaunes » ou la « marche pour le climat » du 8 décembre, cela pose le problème politique de la démocratie représentative.

Je continue à penser que nous esquivons toujours le vrai problème politique de fond. On continue à mettre de côté ce que sont les corps intermédiaires, mouvements, ONGs, syndicats, qui sont les porte-paroles organisés « des gens », au même titre que les élus avec leur délégation représentative sans concession. Pourtant les « gilets jaunes » le disent, ils rejettent cette représentativité, parce qu’elle est devenue inexistante pour eux, parce que elle a trop donné l’impression, à tort ou à raison, qu’ils étaient eux-mêmes inexistants. Même les « écouter » ne leur suffit plus, ils en ont compris les limites. Et ce qu’ils remettent en cause, en rejoignant l’un des piliers de l’écologie politique, c’est la manière de dire ce qu’ils sont et quels sont leurs problèmes dans l’administration du collectif sociétal. Il faut se boucher les oreilles pour ne pas l’entendre. Et « Macron démission » n’est pas une demande d’extrême droite, c’est l’expression symbolique ultime de ce malaise.

Bien sûr, nous sommes dans l’excès de la découverte. Pour beaucoup, ce sont les premiers pas d’une aventure collective et nous savons tous à quel point cela peut être grisant.

Mais cette actualité devrait nous amener à être plus réactifs, même si cela nous oblige à nous remettre en cause. Nous devrions faire des propositions qui nécessitent une forte pression populaire… Nous y sommes !

Il n’est plus acceptable d’être obligé de descendre dans la rue pour se faire entendre. Plusieurs siècles d’expérience devraient nous permettre d’être plus rationnellement « intelligents ».

Par exemple, l’appel pour la journée du 8 décembre 2018 dans son point 6 préconise d’organiser « des états généraux décentralisés de la solidarité climatique ». On le sait, malheureusement, cette demande, traitant de sujets essentiels, a de forte chances d’aboutir à des mesures compilées et rapportées à la tête de l’État, esquivant ce que le mouvement des « gilets jaunes » porte en lui, ce que les écologistes portent au niveau de l’Europe : les décisions qui nous concernent doivent être prises au plus près de nous-mêmes. C’est le principe de subsidiarité.

Le principe de subsidiarité, qui fait partie intégrale de l’écologie politique veille à ne pas déconnecter la prise de décision publique de ceux qui devront la respecter. C’est en somme la recherche du niveau hiérarchique pertinent auquel doit être conçue une action publique.

Aujourd’hui, en se contentant de revendiquer et de vouloir être écouté sans légitimité de suivi, on donne à nos représentants élus à la tête de l’État une légitimité globale que nous contestons d’autre part.

En ce moment de crise où émerge une remise en cause du fait qu’il faut un leader, sinon cela ne débouche nulle part, il me semble que la demande, consistant à instituer le « référendum d’initiative populaire » (RIC), peut être un premier pas vers sa généralisation à tous les niveaux de prise de décision politique. Nous avons une révision constitutionnelle dans les prochains mois. La fenêtre est idéale !

Bien sûr, ce référendum touchant à tout ce qui fait la politique et à tous les niveaux, il est nécessaire qu’il y ait une vérification constitutionnelle de la question qui fait l’objet de chaque consultation. Ce que je veux dire c’est que le RIC se traduit au moment du vote par une question. On sait bien que la question et ses sous-entendus sont fondamentaux dans un référendum.

Cette possibilité qui est offerte de provoquer un referendum doit rester constitutionnellement une action pour renforcer la cohésion du champ collectif : il faut donc veiller à ce que ces questions participent à la cohésion sociétale et, pour cela, il me semble nécessaire d’écarter toutes notions ou sous-entendus d’exclusion. En gros, par exemple, éviter ce qui s’est passé en Suisse en 2014, le « oui » à une initiative visant le rejet de l’immigration. Je n’ai pas envie non plus d’être obligé de remettre en cause les notions d’égalité et de fraternité, l’avortement, l’abolition de la peine de mort, etc. En gros, un RIC humainement responsable et inclusif.

Ce RIC est un progrès nécessaire voulu par un grand nombre et qui a de fortes chances d’exister dans un avenir proche. Mais, derrière l’acronyme, il peut y avoir plusieurs formes de RIC, dont certaines laissant des possibilités peu compatibles avec l’écologie politique. C’est donc aussi une bataille politique à mener que nous ne pouvons pas ignorer.

Christian Olive

Coopérateur EELV

Languedoc-Roussillon

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