Une rivière serpente dans le paysage et distribue l’eau nécessaire à la vie tout au long de son cours, mais, si elle est n’est pas régulée par une végétation envahissante et de la vase, alors elle se trouve un chemin rapide, creuse la terre et s’enfonce dans le sol, aspirant même l’eau du sous-sol, asséchant les autres cours d’eau, accélérant l’érosion. C’est la désertification qui commence.
Une grande entreprise non régulée par des institutions envahissantes, va accumuler son bénéfice et assécher ses concurrents, draguant toujours plus de chalandise jusqu’au monopole, asséchant l’économie locale et détruisant la nature par ses excès.
Cette comparaison facile permet de comprendre plusieurs actions possibles pour que le commerce ne mène pas à une destruction mais à un partage.
Comment lutter contre la désertification ? D’abord arrêter l’érosion, donc créer des retenues d’eau partout où c’est possible, labourer suivant les lignes de niveau pour retenir autant que possible l’eau localement, planter des arbres partout, freiner les cours d’eaux par des barrages. Pomper l’eau du bas vers le haut.
La nature le fait spontanément. Partout des animaux creusent des trous, se déplacent à flanc de coteau, créant des tracés suivant les lignes de niveau. Les plantes envahissent les cours d’eau et les freinent, leurs déchets créent des bouchons, les castors eux-mêmes construisent des barrages.
Les lieux écologiques les plus riches de vie sont les marais où l’eau stagne, les plantes et les animaux prolifèrent, mais que l’homme déclare insalubres dans sa soif d’appropriation de terres.
Par contre, le calibrage des rivières, le déboisement de leurs berges, la limitation de la vie animale sont autant d’actes qui accélèrent l’écoulement des eaux et favorisent la désertification.
Je compare hydraulique et économie, en associant le calibrage à l’imposition de normes, le déboisement à la réduction des droits sociaux, la limitation de la vie animale à la robotisation, et en comparant les marais avec les marchés forains ou marchés aux puces foisonnant de trouvailles et d’imagination, même si ce n’est pas toujours en règle suivant la loi des puissants.
La désertification économique se crée dans les villes par l’implantation des grandes surfaces et l’influence des grands monopoles internet, les GAFA. L’argent, comme l’eau, est aspiré par les ravins commerciaux que sont Amazon et autres géants, les petits commerces meurent, les lieux de vie et d’échanges disparaissent.
Ces entreprises dites « dynamiques » agissent comme des torrents destructeurs, inondant ou asséchant tour à tour des régions entières, contrairement aux petits commerces tranquilles qui arrosent régulièrement chaque jour leurs quartiers.
La lutte contre cette désertification économique nécessite de barrer le flux des grands groupes par des luttes syndicales, des procédures administratives et fiscales, par la suppression de ces normes de production drastiques que seuls les grands groupes peuvent respecter en se taillant ainsi un monopole sur leur marché.
D’un autre coté, favoriser tous les petits lieux de production et d’échanges locaux, comme ces plantations d’arbres pour lutter contre la désertification, même si au départ il faille penser à les protéger et les arroser.
Créer des systèmes d’échanges économiques entre entreprises de tailles équivalentes, pour pas que l’une bouffe l’autre : comme ces labourages suivant les courbes de niveau. L’équilibre commercial d’un échange économique satisfaisant les deux parties existe difficilement entre une grande surface et un producteur local. Alors dans ces cas il faut imposer des institutions surveillant les conditions de la transaction, comme en hydraulique des vannes séparent des zones de pressions différentes.
Capter fiscalement une partie des bénéfices des grandes entreprises pour alimenter les petites, comme on pompe l’eau des fleuves pour irriguer les campagnes, alors qu’aujourd’hui ce sont plutôt les petites entreprises, lesquelles sont surtaxées au profit des grandes qui sont aidées via le CICE par exemple, comme ces profonds torrents qui aspirent les réserves hydrauliques.
Penser les échanges économiques comme un système hydraulique d’érosion ou d’irrigation est un outil qui permet de mieux déceler les bonnes ou mauvaises décisions.
La compréhension des lois de l’écologie peut nous aider à choisir nos règles économiques.
Alain persat,
Coopérateur EELV,
Provence-Alpes-Côte d’Azur
(1) Contrairement à une définition actuelle, « épargne réalisée ayant une action positive sur le milieu naturel », ce qui revient à tenter de gagner plus en agissant de façon moins agressive pour la nature, ce que fait le greenwashing, pour moi, l’écolonomie est une économie construite sur les règles que l’écologie scientifique nous a révélées. Je l’ai exprimé dans « L’écologie plus qu’un but est un outil politique »
(http://www.trazibule.fr/publications-trazibule/Ecologie.pdf)
Entre autres, sa redéfinition : « l’économie n’est pas la pratique de la recherche du profit maximal, mais celle de l’équilibre des échanges ».
(http://www.trazibule.fr/economie-ecologie-2.php)
Ce parallèle entre le fonctionnement de la nature et celui de nos économies locales explicite parfaitement les directions d’actions afin de redonner au maillage économique de notre pays et au delà, la dynamique nécessaire à un retour à l’équilibre de notre modèle socio-économique.
Les lois de la nature ne régissent-elles pas le berceau de l’humanité et ne sont-elles pas garant de son équilibre?