Un vote est censé donner l’information de ce que pensent les membres d’un groupe d’un choix entre différentes options.
Mais la pratique actuelle de vote ne permet une réponse que sur une seule de toutes les options proposées.
Alors, influencé par les « on-dit », sondages ou médias, le choix de chacun se porte sur l’option qui a des chances de gagner et pas vraiment sur son option préférée.
Car chacun fait le calcul que sa préférence ayant, d’après ce qui se dit, peu de chance, mieux vaut joindre sa voix vers celui qui est censé avoir ses chances, pas trop éloigné de ses opinions.
Le vote devient stratégique et perd en sincérité.
Les plus tièdes sont toujours gagnants. D’où l’expression : « une élection se gagne au centre ». La tendance conduit à avoir deux camps qui finalement sont très proches l’un de l’autre et des « extrêmes » sans espoir d‘être entendus.
Résultat : les votants ont choisi celui qui leur plait le plus, c’est l’option qui a recueilli 50% plus au moins une voix, générant de fait une « opposition » importante. Le groupe est profondément divisé.
Pire encore, le candidat qui se sent faible va tenter de se rattraper en « ratissant large », alors que celui qui se sent fort peut se permettre d’affiner ses idées. Les trop faibles se voient obligés de se rapprocher d’un des deux camps, leur présence ne pouvant qu’affaiblir ceux qui leur sont proches par division de l’électorat.
Le vote élimine ainsi toute nouveauté.
Un autre point important est que cette logique de vote attend que certains se présentent, poussés par leurs pairs ou leur ego, et fassent campagne ! Deux principes qui méritent beaucoup de critiques.
Il faut une certaine prétention pour se mettre au devant de la scène, la compétence de l’apparence prime sur la compétence réelle. C’est le plus malin, le plus manœuvrier, mais aussi celui qui a le plus de moyens techniques qui finit par s’imposer. Cela est une bonne chose sur le plan de la compétence politique et diplomatique mais ne favorise certainement ni les qualités morales éthiques, ni la capacité à innover.
Pour plaire au plus grand nombre, l’apparence a plus de poids que la compétence, et toute originalité ne peut que risquer de déplaire à une partie de son électorat sans vraiment apporter de nouvelles voix. Les grands mots remplacent les grandes idées.
Proposition : Le vote multi-options.
Il faut permettre à chaque votant de s’exprimer sur chacune des options proposées pour mieux connaitre ce que pensent les membres du groupe de tout ce qui leur est proposé.
Techniquement : voter par oui / non / bof sur chaque option, voter par tri, ou donner une note à chaque option, ou choisir obligatoirement au moins trois des options parmi toutes.
Chaque logique révèle une interprétation différente de la démocratie et donne un résultat un peu différent, mais toutes sont plus efficaces pour savoir ce que pense sincèrement les électeurs de l’offre faite.
Toutes les options sont réputées possibles, tous les membres capables de remplir le poste sont réputés candidats.
Avec ce genre de vote, les candidats changent de discours, privilégient moins l’idée de plaire au plus grand nombre et peuvent se permettre d’expliquer plus précisément leurs choix d’actions. Des camps même très proches ne se font plus de l’ombre, et passent de la concurrence à l’émulation, leurs présences ne divisent plus la tendance à laquelle ils appartiennent mais enrichissent son offre.
Le résultat donne gagnante non l’option qui déplait au moins grand nombre mais plutôt celle qui plait au plus grand nombre. Ce vote rassemble au lieu de diviser, et l’opposition en devient moins violente, plus constructive. L’action de l’élu reste moins entravée.
Ce système désigne un rassembleur plus qu’un leader. Elle peut même faire émerger un candidat qui n’avait même pas conscience de pouvoir faire consensus.
Par contre, le vote électronique ne peut jamais être crédible, car celui qui gère les résultats (programme ou individu) a tout loisir de les interpréter à son goût, et il nécessite qu’on lui fasse totalement confiance. Aucun contrôle n’est vraiment possible sauf si la liste nominative détaillée des votes est publiée, donc avec le choix de l’abandon de l’anonymat.
Si un vote est censé faire connaitre l’opinion d’un groupe, seul le vote multi-option approche de cette intention.
Alain Persat
Coopérateur EELV
Provence-Alpes-Côte d’Azur