Dans ma commune, nous avons commencé à esquisser ce fonctionnement en vue des prochaines municipales. Il devrait faire partie d’une Charte de l’élu, dont les points à débattre de cette première piste se trouvent à la fin de cette contribution.
La politique et l’action qui en découle partent toujours du sentiment d’appartenance collective qui permet à l’individu de s’épanouir.
L’ individu ne fait société qu’en abandonnant une part de son libre arbitre, de sa libre pensée, de sa libre pratique, justifiée par son acceptation réalisée, bien sûre enrichissante quand elle est coopérative, au travers de sa juste analyse de son interdépendance avec les autres, la nature et les générations futures.
L’individu prime sur le collectif, parce que, avec l’idée des communs, c’est lui qui en décide finalement la nécessité. Les systèmes qui ont pour fonction de nous servir ne devraient être que la conséquence de cette volonté reconnue collectivement.
Au volant de sa voiture, représentation dans son imaginaire d’un lieu de liberté, le conducteur a du mal à abandonner son libre arbitre en respectant la limitation de vitesse « alors qu’il sait adapter sa vitesse aux difficultés du parcours ». Le passage au « 80 » sur les routes nationales est un bon exemple du conflit qui se crée quand la délégation de pouvoir n’est pas acceptée. L’individu en tant que tel n’a pas son identité propre qui lui permet d’être reconnu comme en capacité d’adapter lui-même sa vitesse. Il ne peut qu’endosser une identité collective de conducteur. C’est un débat dont l’expression est confisquée à chacun, dans nos institutions, et déléguée à nos élus.
Je porte une « certitude », c’est qu’un environnement, un écosystème, qui ne reconnait pas l’identité de ses composantes n’existe pas, c’est une vue de l’esprit.
Une vue de l’esprit qui, si elle est acceptée, nous fait une vie de contraintes et permet aux élus une spoliation des communs à leur convenance.
Il semble nécessaire de réaliser une désappropriation du collectif et des communs, bien sûr par le privé, mais aussi et surtout par le public. En effet, les communs et le collectif sont devenus des biens publics et une propriété normée et légiférée des représentants élus de nos collectivités.
Je suis un électeur sans pouvoir institutionnel, puisque je suis dessaisi des décisions de mon quotidien.
En fait, pour une municipalité dans ses préoccupations d’organisation et de gestion, je n’existe pas ou peu. Je n’ai que la solution de me reconnaître dans l’expression assénée de ce que pense le peuple ou les gens.
Pour une municipalité, lieu de proximité essentiel dans nos institutions, une tension, une envie doit être systématiquement prise en compte dés le début et ne doit pas pouvoir être évacuée sans un assentiment très majoritaire. Cela doit devenir la règle.
Sinon, la pétition, la grève, les manifestations, la justice, la désobéissance civile, la rébellion, mais aussi les économies parallèles et les liturgies sportives ou autres, sont des moyens de se créer une identité au travers d’une reconnaissance individuelle par les « compagnons de lutte », mais cette nouvelle identité rassurante peut devenir une raison d’être très éloignée des préoccupations originelles.
Ci-dessous une esquisse d’éléments pouvant constituer la base d’une charte en vue d’appliquer une démocratie coopérative.
– Accepter de prendre le temps de la coopération, tout en évitant trop d’engagement humain et financier.
– Il est normal qu’un individu ait des envies ou des désaccords concernant la gestion municipale. Cela crée une tension chez lui qu’il refoule ou qu’il exprime. Toutes les tensions ayant une dimension dépassant le cas individuel doivent pouvoir être prises en compte et traitées par la municipalité. Elle ne peut en aucun cas s’en dessaisir.
– La prise en compte des ces tensions existe à partir du moment où 10 individus s’accordent sur l’une d’entre elle. Pour mieux concilier les tensions de chacun de ces individus et en faire une expression commune, la municipalité met à disposition un écrivain public/facilitateur. Cette démarche aboutit à une question qui doit obligatoirement faire l’objet d’une délibération lors d’un conseil municipal.
– Si la délibération n’aboutit pas à un résultat acceptable par les 10 initiateurs, il est décidé au moins une réunion d’harmonisation sur le sujet entre des représentants de la municipalité et les initiateurs. La nouvelle question issue de cette réunion est de nouveau mise en délibération au conseil municipal suivant.
– Si la délibération n’aboutit toujours pas à un résultat acceptable par les 10 initiateurs, la municipalité se doit d’apporter son soutien à la mise en place d’une pétition allant dans le sens des initiateurs et devant, pour être prise en compte, recueillir 5% des votants de la commune.
– Si la pétition recueille le nombre de signatures suffisant, il est procédé à une consultation de la population. Si, lors de la consultation, la question de la pétition recueille 66% de vote positif, elle s’impose au conseil municipal qui doit la voter.
Christian Olive
Coopérateur EELV
Languedoc-Roussillon