Nous semblons d’accord sur le fait que la Coopérative a pour raison d’être « de porter par tous moyens une vision coopérative de la politique et d’agir en conséquence », parce que, aujourd’hui, ce sentiment de coopération en politique n’existe pas (ou peu), avec pour conséquence la pauvreté de la vision politique portée par les partis issus de l’esprit de compétition qui les anime.
Mais la question « à quoi me sert la coopérative ? » est essentielle. L’individu doit être le centre de nos préoccupations, parce que c’est lui le moteur.
L’organisation « en archipel » fait le buzz actuellement quant-à l’avenir de la Coopérative. Pour l’instant, les protagonistes de ce scénario se confinent dans une ambition « sectaire » ; on fonctionne différemment, mais on ne mélange pas les torchons avec les serviettes.
En effet, l’archipel se décrit en éléments d’organisation au fonctionnement horizontal. Mais il n’évoque en aucune manière les relations et les interdépendances avec des objets (nautiques) qui ne soient pas du même « sang ». Il n’affronte pas la diversité des perceptions d’actions ; on ne mélange pas les trois composantes de la gestion du collectif et des communs que sont l’action citoyenne, l’action politique institutionnelle et encore moins l’expertise scientifique. On garde les mêmes « chacun chez soi », il n’y a pas cette recherche de conjugaison entre ces trois piliers de l’engagement qui enfin permettrait d’affronter la complexité d’une politique écologique.
Alors à quoi sert la notion d’archipel, à quoi Me sert en tant que personne cet archipel cloisonné et constitué d’organismes et non d’individus ? Archipel citoyen qu’il est envisagé de faire côtoyer avec un archipel politique et sûrement bientôt avec un archipel scientifique : tout changer pour ne rien changer.
Pour changer, échanger, confronter, conjuguer, la Coopérative se doit d’accueillir la parole politique de ceux qui ne l’ont pas, qui ne l’ont plus, et de faire coopérer tout ce petit monde avec ceux qui ont la parole institutionnelle ou qui y prétendent.
Et ce ne sont pas les quatre scénarios envisagés pour notre futur qui me permettent de voir un avenir serein ; aucun n’expose un intérêt direct pour chaque individu militant écologiste dans une démarche d’individuation sociale. Ce qui est le cas aujourd’hui de la plupart des militants écologistes.
Pour moi, militant écologiste dans cette démarche d’individu/collectif, le principal intérêt de la Coopérative est d’y trouver les moyens de me conforter et de m’enrichir dans mes actions locales.
J’attends donc :
– que le local devienne un archipel d’individus.
– que la Coopérative m’amène un plus dans mes relations avec les partis politiques, qu’elle m’ouvre des portes dans mon action citoyenne.
– que la Coopérative, directement ou indirectement, m’amène une perception d’un travail d’expertise le plus large possible.
On y retrouve les trois piliers mis en avant depuis presque deux ans et qui n’apparaissent toujours pas d’une manière ou d’une autre dans les dernières propositions rappelées ci-dessus (l’archipel et les quatre scénarios). On n’y trouve pas non plus ce qui ferait la conjugaison de ces trois piliers qui a été évoqué à de multiples reprises (l’individu citoyen, l’organisation institutionnelle, l’expertise thématique). On en est toujours à poser la question et à la reposer sans cesse, comme une manière de ne pas s’en saisir.
Il est sûr que Julien Bayou ne veut pas de cette interdépendance du politique institutionnel avec les deux autres piliers ; la disparition de la Coopérative est son objectif depuis plusieurs mois. Pas d’interférence non contrôlée. Alors que la première règle de la coopération menant à l’intelligence collective c’est que personne n’a raison dans l’absolu… C’est encore un des petits avantages d’être coopérateur, avoir une parole libre à l’intérieur d’EELV et à terme dans un parti écologiste ou fédération de partis ou autres formes. Mais à quoi sert aujourd’hui une parole qui n’est pas entendue, Macron nous l’explique tous les jours : à rien.
Pour reprendre le modèle de l’archipel, ce qui porte l’imaginaire et qui fait son intérêt, c’est la mer qui sépare et relie, ce n’est pas l’organisation des partenaires.
La mer c’est la morale et l’idéologie commune qui, au-delà de l’éthique de chacun des partenaires, ne donnent raison à aucun et en même temps les relient en donnant un sens à chacun. Toujours dans l’imaginaire, elle est la propriété de tout le monde et de personne. On est donc dans le domaine où le sentiment d’auto-organisation domine.
L’auto-organisation, un sentiment de liberté, mais aussi, si on n’y est pas préparé, la peur de la responsabilité et de l’échec.
L’auto-organisation réussie ne fonctionne qu’en des places, des lieux, des milieux où les partenaires maîtrisent les paramètres de leurs identités et de leur relation à l’autre. Ils sont autonomes et coopératifs.
Cette auto-organisation dans l’espace de la mer, c’est ce que fait un marin, la gestion des côtes et de l’accueil des ports.
Réveillons-nous et affirmons ce que doit être notre place pour qu’une politique de coopération existe. Sinon l’affaiblissement de la démocratie représentative et sa perte de sens nous mèneront directement à une dictature aidée par un numérique envahissant qui dans ce contexte a vocation à devenir incontrôlable. Il suffit de regarder autour de soi pour en voir les prémices en France, en Europe et dans bien d’autres pays.
Pour les municipales de 2020, cela devrait nous conduire à imaginer des listes sans têtes de liste avec des colistiers qui signent une charte et des engagements de futur élu.
Christian Olive,
Coopérateur EELV,
Languedoc-Roussillon