Excusez moi de me laisser un peu aller à l’émotion d’ancien combattant, mais y a des jours, putain, chié, on a le droit de mettre un peu d’affect. 50 ans que j’espère çà, c’est pas rien, c’est énorme.
Petit retour en arrière; en 67/70 je bossais dans les locaux de l’oream, L’organisme charger d’établir le « livre blanc » de la métropole d’équilibre « Nantes St Nazaire » selon la politique gaullienne de la DATAR, pour le rééquilibrage territorial de la France. La DATAR avait établi une « grille d’équipement » à laquelle chaque métropole d’équilibre devait répondre. Dans cette grille , il y avait un alinéa : »aéroport international ». C’est donc par volonté administrative pure, sans besoin avéré, que les chargés de mission de l’OREAM se sont mis en quête d’une implantation.
A l’époque, l’autoroute Nantes Paris n’existait pas et Nantes Rennes Nantes St Nazaire étaient à 2 voies. On mettait pas loin de 4 h pour faire Nantes Paris avec traction diesel entre le Mans et Nantes. Nantes atlantique s’appelait « chateau bougon ». et recevait des « caravelles », pas de boeing.
C’est donc au milieu de nulle part que les chargés de mission ont trouver un espace est ouest plat. Ils avaient pensé aussi aux bord de la Loire entre Nantes et St Nazaire, mais ils ont préféré réserver cet espace à l’industrie « au bord de l’eau », (c’était la mode qui a donné aussi Fos sur Mer et Dunkerque). A l’époque je me marrais en leur disant qu’ils préparaient un « camp retranché » au milieu des chouans et que çà réussirait sûrement aussi bien que Dien Bien Fu (la guerre d’indochine nous parlait encore).
J’ai fait partie des lanceurs du premier collectif contre l’aéroport, j’ai dessiné et tiré en sérigraphie le premier autocollant en triangle et pour beaucoup, les potes de l’époque sont morts. On aura eu droit à tous les espoirs et à tous les découragements face aux tentatives renouvelées de remettre le projet en selle avec à chaque fois de nouvelles justifications foireuses. Tout çà parce que 2 clampins dans un bureau ont tracé une patate au feutre rouge sur une carte. 50 ans de lutte pour effacer ce trait dérisoire, c’est complètement dingue. Tous les intérêts financiers, toutes le combines politiques toutes les justification bidons pour camoufler cet gestion désinvolte du territoire. Les chargés de mission n’ont jamais mis de certitude sur le bien fondé de leur trait, mais la machine d’état se veut infaillible et a rendu ce trait intouchable. Il faut que ce combat permette aux services de l’état de comprendre les limites démocratique de leur pouvoir.
C’est en cela que je voudrais tirer un coup de chapeau à Edouard Philippe, non pas tant pour la décision, que pour la méthode. Regardez intégralement son discours, c’est une grande leçon de méthode politique, où le raisonnement , l’étude concrète et la pensée systémique sont au rendez-vous. Avec une telle méthode, honnête intellectuellement, où les mots ne sont pas que de l’habillage de postures, le débat politique a un sens dans lequel la pensée citoyenne a sa place. Il faudra s’en souvenir pour la suite. Cette méthode c’est 10% d’abstention en moins aux prochaines élections !
amicalement
bernard