Les « intentions » de la coopérative écologiste.

Ce qui définit le Réseau coopératif EELV est sa volonté de faire de la politique en dehors des partis.

Faire de la politique, c’est se préoccuper du sociétal.

Faire de la politique, c’est vouloir participer à la réflexion, à l’organisation de l’action de l’État ; c’est se préoccuper du sociétal, c’est-à-dire de tout ce qui concerne le fonctionnement et la gestion de la société.

Chaque société s’appuie sur une éthique qui lui est propre.

Chaque société s’appuie sur une éthique qui lui est propre et qui définit ses interventions :

  • dans le rapport entre les humains, c’est le domaine du « bien-vivre »,
  • entre les humains et la société, c’est le domaine social,
  • entre les humains et la nature, c’est le domaine de l’environnement,
  • qui prennent aussi en compte le bien-vivre des générations futures,
  • et même aussi ce que nous devenons après la mort.

L’éthique et la morale qui en découle différencie les sociétés.

Le rapport entre humains peut être vu de manière complètement égalitaire ou par caste, avec des esclaves ou incluant une population d’individus non émancipés. Elle peut prôner le vivre seul ou le vivre ensemble. L’humain dans son rapport à la société peut être conduit par une attitude hétéronome ou autonome. La nature peut être au service des humains, au service de la société ou constituer une entité à part entière de celle-ci. De même pour les générations futures.

La morale va définir les actions de l’État dans les domaines qui lui sont attribués.

Ces domaines sont ceux qu’il ne peut pas déléguer à des sociétés privées. En France, cela concerne la sécurité intérieure et extérieure, la justice, et l’économie(1). D’autres visions politiques peuvent conduire à gérer différemment ces devoirs et fonctions de l’État.

Mais il n’est pas souhaitable que ces domaines prédominent et deviennent une vision politique, puisqu’ils ne portent pas en eux-mêmes une éthique et une morale. Pourtant, aujourd’hui, dans les domaines de l’économie et de la sécurité, nous en sommes là et le pragmatisme que l’on applique pour justifier une action politique erre sans garde-fou d’une morale à une autre. Il y a danger.

L’économie, qui est une discipline académique, est devenue aussi une vision politique, où le seul objectif est de faire fonctionner l’État sans état d’âme, sans éthique et sans morale définie.

L’éthique des écologistes est simple : ils reconnaissent qu’il n’y a pas de différence de valeur entre humains et qu’ils sont interdépendants avec la nature et les générations futures.

La morale qui construit leur vision politique en découle.

Pour vivre et promouvoir cette vision politique, un écologiste, puisque tout le monde est écologiste aujourd’hui, doit pouvoir agir au sein de la société comme un citoyen engagé sans être classé comme un terroriste ou un dangereux hors-la-loi.

L’écologiste dans son rapport à la société se doit d’exister en tant qu’individu, prendre sa vie en main.

Une société est à l’image des individus qui la composent. Déléguer toute son identité au collectif, c’est s’abandonner et c’est surtout mettre de côté la complexité pour l’uniformisation, alors que notre équilibre « naturel » est complexe.

Les écologistes ont depuis longtemps l’intuition que « l’autonomie » apporte à l’humain l’essentiel et qu’il permet de mieux appréhender la complexité.

Il faut comprendre cette autonomie comme un facteur de résilience, mais aussi une manière de prendre sa vie en main et d’être riche pour les autres. L’individu « autonome » est conscient de ses interdépendances.

Je l’ai nommé individu/collectif. Cynthia Fleury parle d’un processus d’individuation pour marquer une différence avec l’individualiste qui croit ne pas avoir besoin des autres.

Un écologiste préoccupé par les autres et leurs rapports au collectif a, comme tous citoyens, accès à un dispositif constitutionnel et à un contexte informel.

Deux systèmes fondent notre démocratie :

  • Les partis en général, lesquels obtiennent, de par l’interprétation sans écart et peut être sans imagination de notre constitution, l’attribution sans partage de l’action politique institutionnelle. Elle se pratique dans un contexte obligatoire de compétition et de personnalisation et oblitère toute velléité d’existence d’une action politique citoyenne en dehors des actions de vote.
  • Les associations et coopératives politiques nombreuses et multiples (Alternatiba, Anvcop21, les Faucheurs volontaires, tous les mouvements pour le climat, Utopia, l’Université du Nous, Greenpeace, Notre affaire à tous, le Réseau coopératif EELV, etc.) portent en eux la sortie des logiques de compétition en politique. La coopération, c’est leur ADN.

De par la répartition des rôles constitutionnels, ils se situent dans le champ non institutionnel et doivent toujours être prêts, pour agir, à se cantonner au champ social et environnementaliste ou à l’initiative judiciaire et hasardeuse, ou au rapport de force des manifestations et pétitions, et même à la désobéissance civile … ou plus si affinité. Actuellement, les institutions politiques « d’État » ne reconnaissent pas les injonctions politiques issues de l’individu citoyen. La problématique du climat en est l’image, car le citoyen pour agir, pour réagir, ne dispose pas de supports institutionnels dédiés.

Dans cette démocratie, l’électeur a son institution mais pas l’individu citoyen

Le choix de nos sociétés d’être gouvernées prioritairement par l’économie, faisant office de vision politique élevée au rang d’éthique et de morale, est de plus en plus difficile à supporter. Économie politique qui a colonisé nos esprits et nos représentants depuis des décennies. Économie politique qui est devenue l’alpha et l’oméga de tous raisonnements concernant le collectif et la gestion des communs.

L’économie comme vision politique a-t-elle encore besoin d’un État-citoyen ? La réponse se dessine : Non. Un État gestionnaire suffit.

La confiscation de la citoyenneté étant déjà presque aboutie au niveau institutionnel, la volonté de sortir de la légalité toutes actions citoyennes non institutionnelles sont les prémices de la disparition de l’État citoyen ; ainsi la disparition de l’État démocratique est actée. Ce constat concerne aussi, je dirai malheureusement, la situation de l’Europe et de bien d’autre pays.

Comment essayer de sortir de ce carcan, de ce système ?

Essayer, tester, rechercher des modèles de fonctionnement citoyen pour les porter à tous les niveaux, et ceci en commençant par nous, selon le principe de « c’est celui qui dit qui fait ».

  • Donner une place institutionnelle à l’individu-citoyen : c’est l’intention qui porte le travail qu’effectue la coopérative EELV.
  • Mettre en place l’intelligence collective nécessaire à la relation de l’individu avec sa représentation démocratique : c’est l’intention qui porte le travail qu’effectue l’Agora EELV.

Christian Olive

Coopérateur EELV

Languedoc-Roussillon

(1) « Économie », malgré le fait que l’État régalien soit censé ne pas intervenir dans ce domaine, parce que, entre les textes et les faits, il y a une différence : la monnaie qui est une des fonctions régaliennes par excellence et qui en effet n’est pas l’économie, n’est plus gérée par l’État puisque la masse monétaire est liée à la création de la dette et que l’État est obligé désormais d’emprunter aux banques. Ce sont donc les banques qui maîtrisent de fait la création monétaire, encadrée par des organismes indépendants. L’État organise encore la fiscalité qui est sa « production », tout en cherchant à élargir son influence en faisant des incursions systématiques dans le domaine des prélèvements sociaux, qui ne sont pourtant pas des impôts. Il décide du budget qui définit sa consommation et influence indirectement la nôtre par les aides et subventions. De plus, une grande partie de nos relations extérieures, qui font partie des attributions régaliennes, ne sont qu’une recherche d’équilibres économiques et d’accroissement d’activité.

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