L’engagement économico-social « ecosystémique » de la plupart des partis aujourd’hui se traduit par des mesures environnementalistes vécues comme une contrainte par la population concernée. Ce qui fait la différence entre l’environnementalisme et l’écologie politique, c’est le lien intime que fait cette dernière avec l’intérêt citoyen de manière à remettre l’individu au cœur du système.
Pour cela, quoi de mieux que d’explorer l’endroit où, pour être opérationnel, l’individu qui (se) construit est le sujet central : le « secteur » qu’est le temps de travail ?
L’être qui se construit, s’il n’est pas créatif, devient destructeur.
Citoyens d’un État, nous sommes devenus une charge pour celui-ci. Tout ce qui concerne la gestion de notre collectif et de nos communs n’est plus pensé prioritairement pour chacun d’entre nous en tant qu’individu, défini par son identité, ses contraintes, ses besoins fondamentaux.
Pourtant, si nous ne sommes pas des ermites retirés du monde, c’est que nous ressentons la nécessité de faire société.
Cette société, nécessaire à notre existence, devrait être faite pour nous. Sinon, elle n’a aucune raison d’être, puisqu’elle n’existe que par notre volonté. Nous déléguons une partie de notre libre arbitre, notre libre pensée, notre libre pratique au collectif pour qu’il fasse ce que nous ne pouvons pas faire seuls.
Et pourtant des pans entiers de l’État, gestionnaire du collectif et des communs, au travers de ses actions, agissent comme s’il pouvait se passer de nous, en nous reléguant aux rôles de variable d’ajustement et de producteur de produits que nous ne savons plus ne pas consommer. Cela devrait être risible… Mais non, au fil des siècles nous avons appris à subir des dieux, des maîtres, des conducteurs de pensée, des dirigeants qui se disent mieux que nous et qui savent ce qu’ils peuvent nous prendre et nous donner. Ils gèrent notre vie selon leur morale devenue systémique et qui peut même devenir immorale dans sa dimension humaine, tout cela avec une efficacité qualifiée de pragmatique. En contrepartie, pour nous, se trouver en situation de dépendance est un moyen facile pour nous déresponsabiliser. C’est confortable, puisque c’est la faute de l’autre. L’échange malsain se situe à ce niveau-là. Nous avons tous plus ou moins notre part de lâcheté envers nous-mêmes et le domaine du travail en est un bon exemple.
Heureusement, le débat sur le travail s’installe peu à peu dans les médias et sur les réseaux sociaux.
Ce débat n’est pas qu’économique et social, il est profondément politique, mais demande du temps pour s’installer dans toutes ses dimensions au niveau institutionnel (quoiqu’il y ait des accélérations imprévues en ces temps perturbés… La rentrée de septembre est encore loin !). Il serait dommage de passer à côté.
C’est aussi un débat politique transversal par toutes ses implications : revenu solidaire, infrastructures, aménagement du territoire, manière d’habiter, sécurité alimentaire, etc. Il est aussi présent dans les conclusions de la Convention citoyenne qui propose cette semaine de :
- « Transformer l’emploi et les modalités de travail. ».
Avec cette deuxième série de mesures, les citoyens veulent « accompagner la reconversion des entreprises et la transformation des métiers au niveau régional » et « réduire le temps de travail sans perte de salaire dans un objectif de sobriété et de réduction de gaz à effet de serre ». Cela passe par le financement de formations professionnelles ou la création d’une « nouvelle gouvernance de la transition des emplois et compétences au niveau national et régional ».
- Sur le délicat sujet du temps de travail, les citoyens proposent de « passer de 35 heures à 28 heures, avec un taux horaire du SMIC augmenté de 20% pour maintenir un salaire équivalent aux travailleurs payés au SMIC. « Face à l’urgence climatique, nous souhaitons participer à la définition d’une future société en accord avec les objectifs de sobriété et de réduction des émissions de gaz à effet de serre et où les profits et la croissance ne sont plus les moteurs », justifient-ils, en estimant qu’il faut « consommer moins, produire moins et donc travailler moins ».
En définitive, cette mesure a été la seule qui n’a pas été retenue sur les 150 proposées, et cela reflète les limites de cette convention dont les conclusions ne pouvaient être qu’opérationnelles au niveau institutionnel. Cette limitation, qui empêche une vraie réflexion citoyenne, était définie dans la feuille de route de la convention. Les conséquences d’une telle mesure ne pouvaient être que le début d’un travail s’appuyant sur un temps long et non un aboutissement du temps court, ce qui n’aurait pas dû l’écarter d’une volonté politique réelle.
Dans sa dimension citoyenne ce débat interpelle tous les « secteurs ».
En effet, l’une des facettes d’une société plus écologique est sûrement d’aller vers plus de techniques que l’individu sait s’approprier dans la proximité et moins de technologie qui est l’apanage de l’industrie et de la déconnection avec l’humain. Et cela passe peut-être par moins de travail et plus d’activité. EXPLORONS…
Petit guide pour aller vers moins de travail et plus d’activité.
Christian Olive
Coopérateur EELV
Languedoc-Roussillon