Être ou ne pas être 🗺

L’apparition récente du « collectif nouvelle écologie » qui s’engage pour une écologie patriote et qui est soutenu par le Rassemblement Bleu Marine de Marine Le Pen, doit nous interpeller en tant qu’acteur de la promotion de l’écologie politique et nous obliger à réfléchir sur nous même ….. Sinon se posera dans quelques temps la question d’accord de gouvernance avec ce collectif qui comme à Nantes est contre l’aéroport de Notre dame des Landes, pour la production locale, contre les OGM, contre le traité TTIP etc…Ils veulent apparaître « tout comme nous » et dénoncent le « vol » que nous avons fait de l’écologie.

Le texte qui suit est une participation à la réflexion sur cette situation et tente de proposer une piste sur ce qui dans notre conception de la société mène à une différenciation suffisamment solide des deux seuls paradigmes politiques actuels existants L’écologie Politique et la politique écologique du Rassemblement Bleu Marine et affidés.
L’humain devient le roi du monde
Nos ancêtres ne pouvaient pas faire autrement que de rester humble vis à vis de la nature. Pendant plusieurs siècles, ils surent la subir, s’en accommoder s’en servir et l’utiliser sans la bousculer.
Et puis un jour il y eu la révolution industrielle alimentée par les stocks d’énergies fossiles accumulées depuis des millénaires.L’homme pouvait ne plus subir, il était riche de charbon de pétrole de gaz et pouvait enfin imposer sa loi
Il s’en est suivi que l’activité humaine étant devenue la force géologique prédominante nous avons changer d’ère et sommes entrés dans l’Anthropocène. Ce basculement daté de la décennie qui a suivi l’année 1950 correspond à l’émergence d’une conscience des déséquilibres écologiques que cette situation distillait. Inconsciemment, s’installait chez les plus clairvoyants le sentiment de fragilité et de perte de richesse qu’entraine systématiquement sur Terre la domination d’une espèce.
Inventer pour résister
A cette époque et dans une frange de population, la réflexion écologique sur un monde qui venait de disparaitre, mais encore suffisamment présent dans les esprits issus d’un monde rural, s’impose comme modèle de résilience rassurant et protecteur.
La marginalisation sociétale d’une telle pensée pousse les individus à se construire une identité forte, aux influences complexes et diverses, autonome dans l’esprit et multiple dans ses liens à l’image du monde qui avait disparu
Cela donne à cette époque les communautés multiformes qui recherchent une autonomie de fonctionnement à travers la sobriété en énergie et un retour à la nature. On lit le guide de l’anti-consommation, Reiser diffuse une culture du Solaire et de la maison autonome, René Dumont concrétise la nécessité d’une place de la réflexion écologique dans le fonctionnement de nos sociétés, des associations écolos fleurissent un peu partout pour permettre à leur membre de s’entraider dans cette démarche.
Dans ce milieu, économiquement il y a un rejet du capitalisme et du marché, socialement on est proche de ce qu’est le mouvement anti utilitariste dans les sciences sociales, culturellement on pense que la nature est un bien commun inaliénable.
Malgré tout, ce qui voudrait être un modèle sociétal qui donne envie n’arrive pas à diffuser et le besoin de convaincre les autres devient nécessaire. Alors vers la fin des années 1980 nait un ensemble d’actions environnemental qui sont à la fois la condition et le produit du paradigme écologique. On ne cherche pas à donner envie mais à prouver que la raison est là.
Fleurissent alors les associations de protection de l’environnement, les évaluations environnementales, les analyse de cycle de vie. Mais ce qui devait simplement objectiver une certaine forme de subjectivité devient la loi. La protection oublie le respect, l’évaluation devient la vérité, le produit environnemental devient le piège pour l’écologie en devenant l’environnementaliste.
Environnementalisme qui lui compose avec l’économie capitaliste et le marché, n’a que peu d’intérêt pour les rapports humains et culturellement donne le pouvoir à l’industrie de contrôler la nature qui devient aliénable.
L’environnementalisme devient un outils d’apprenti sorcier de contrôle et de maîtrise de notre environnement au travers de sa financiarisation. Le principe de précaution devient une culture du risque avec sa cohorte d’assurance, l’humain responsabilisé est sommé de devenir un ecocitoyen normé au service du contrôle de la nature en s’abandonnant lui même.
Si on pense en rapport de classe la hiérarchie va de ceux qui maîtrise les chiffres et la comptabilité environnemental et qui en profitent, et il se peut que cette classe supérieure ne soit plus complétement humaine, et ceux qui n’ont pas la possibilité de maîtriser la complexité très subjective de ces enjeux et subissent sans pouvoir intervenir les normes, lois et traités qui découlent de ces chiffres. Cette classe inférieure est dessaisie de sa consommation, dessaisie de son rapport à l’environnement, dessaisie de son rapport aux autres. Dénudée culturellement, elle cherche à se protéger non pas en augmentant sa propre résilience, mais en augmentant la sécurité de la société a laquelle elle est contrainte de s’abandonner.
Le retour à l’écologie politique
Englué dans l’environnementalisme les écologistes tentent depuis une dizaine d’année de relever la tête, mais le travail est rude. Ils dénoncent le green washing mais retrouver une voie qui nous fasse sortir de l’anthropocène mortifère pour l’humain demande de trouver des radicalités fortes sur des urgences incontestables
En premier lieu, comment faire exister différemment cette classe qui a un sentiment de non être et qui se tient sur la défensive, cette classe dont l’identité propre est réduite au profit d’identité collective telle que l’identité nationale et l’identité religieuse mais aussi celle construite par la « pensée unique environnementaliste ».
Notre identité d’individu
Notre sentiment d’exister est très liè à la manière dont nous définissons notre propre identité. Sans cette identité d’individu nous n’existons pas.
Et là deux théories peuvent s’affronter : l’identité est « naturelle » ou il faut admettre que « l’identité se produit comme d’autres biens matériels ou immatériels ».
Les ethnologues feront volontiers ce deuxième choix sachant que « l’identité se réduit moins à la postuler ou à l’affirmer qu’à la refaire, la reconstruire » (Lévi-Strauss).
Si l’identité n’apparait jamais comme naturelle, elle est toujours construite, résultant d’une activité incessante, certain diront de différentiation, mais surtout de confrontation et de mélange.
De la même manière que la lumière est invisible et n’existe qu’en se confrontant ou se mêlant à de la matière, l’homme n’existe et se crée son identité qu’en se confrontant ou se mêlant aux autres, à la nature, aux bruits, aux odeurs, aux couleurs, aux gestes.
Ensuite il nous faut aussi admettre, comme nous y invite Marc Augé, que nos sociétés mettent en œuvre de « formidables mécanismes de production artificielle de l’identité ».
Ce qui donne à cette production un caractère artificiel, c’est qu’elle ne s’inscrit pas dans le prolongement d’une différentiation des pratiques et des usages, qui peu faire que groupes et individus sont distincts.
Elle s’exerce de façon autonome, sans se préoccuper de continuité et sans qu’il y ait de relation nécessaire avec les traditions culturelles de la collectivité qu’il pourrait s’agir de valoriser.
Allant plus loin, on peut même se demander quelle est aujourd’hui la place pour une production plus traditionnelle d’identité engendrée par les « matrices spécifiques » (Brückner et Valarié ) que constituent les diverses sociétés locales.
Identité et consommation
Aujourd’hui l’identité « individualiste » se crée au travers de la consommation. Elle enferme l’individu qui se construit en tant qu’œuvre n’interférant qu’avec elle-même. Les grands régulateurs sont le marché et l’État.
Heureusement elle peu aussi se former sur une circulation des biens, des services et des idées et se construire à partir de l’idée du don propre aux réseaux, où n’interviennent pas le marché et l’État.
Dans la famille ou dans la société, le monde des réseaux fonctionne au don et à la dette, et non à l’équivalence (comme dans le marché) ou à l’égalité (comme dans l’État).
Quand les réseaux fonctionnent bien, cette dette est positive ; elle n’engendre ni angoisse ni aliénation, mais confiance et désir de loyauté.
C’est à travers la relation de dette positive, de don et de contre-don que peu se former ou se perdre les identités.
Sans cette relation de dette positive, il n’existe pas véritablement d’identité, et sans identité on ne peut être qu’exclu, sans lien, isolé, désaffilié, déqualifié, disqualifié avec le sentiment de ne pas exister.
Cette relation privilégiée nous devons aussi l’avoir avec la nature qui nous donne et a qui nous devons savoir rendre.Cela signifie par exemple l’arrêt de l’agriculture industrielle qui ne sait que prendre, cela signifie que le bien commun que sont  la faune, la flore, le vivant sont inaliénable et que l’eau, la terre la ressource doivent être accessible équitablement. L’accaparement naturel comme la domination humaine ne fabrique pas d’identité personnelle. L’exemple des hommes qui au nom de croyances dominent femme et enfant montre qu’en échange ils perdent leur identité au profit de leur dieux.
Sortir de l’environnementalisme
C’est sortir d’une société comptable et inhumaine pour aller vers une société ou le lien est indispensable ; le lien avec la nature et le lien entre les hommes.C’est à dire qu’il ne faut pas confondre les circuits courts uniquement comptable et une économie de proximité, de toutes les proximités.
C’est rétablir une certaine naturalité dans les villes, c’est concevoir un urbanisme ou les territoires, prêt à échanger, ne sont pas uniquement autonome en énergie comme les opérations de territoires à énergie positive, mais aussi aussi en équilibre et en lien avec leurs approvisionnements en eau, en nourriture, en services et dans tous les domaines culturels.
C’est recréer une dynamique de l’activité en rassemblant comme l’opération probante « Territoires zéro chômeur de longue durée » qui pose comme postulat évident que « si les emplois manquent, ce n’est pas le travail qui manque » La conception que nous avons de l’emploi, composante de l’entreprise, avec sa définition laissant peu de place à l’initiative et à l’investissement personnel, à fini par remplacer la notion de travail qui est une composition humaine.
Par l’appropriation possible chacun pouvait s’exprimer et prendre goût à son métier. C’est donc cette conception de l’emploi en tant que composante de l’entreprise qui contribue en priorité à installer ce mal être au travail, que nous connaissons bien ces derniers temps. (Ce qui tue le travail, de Francis Ginsbourger, Michalon, 18 mars 2010.) Mais l’autre facette de cette situation est que l’employabilité n’existe que dans un créneau très faible (souvent entre 30 et 45 ans) puisque le profil d’un recruté doit désormais correspondre à presque 100 % de la définition de l’emploi/poste, …. les sociétés de recrutement ne sont pas pour rien dans cette situation. On assiste donc à un assèchement de l’activité et a un appauvrissement des entreprises qui ont désormais exclu de leur fonctionnement l’adaptabilité à leur personnel et perdu la richesse des apports individuels. Ce qui explique d’ailleurs qu’en fonction de certains critères nous sommes les salariés les plus performants ! mais devenu interchangeable puisque pour obtenir cette efficacité on a déshumanisé l’emploi.
C’est aussi recréer du lien dans la monnaie, avec les monnaies complémentaires et le revenu de base.
S’appuyer sur des outils radicaux
Pour ne plus utiliser d’énergie de stock (fossile et nucléaire) mais utiliser uniquement des énergies de flux deux scénarios semblent acceptés, le scénario de l’association Negawatt et celui qui essaie d’être un peu maladroitement discret réalisé par l’ADEME et intitulé  » Vers un mix électrique 100 % renouvelable »
Pour se nourrir mieux et vivre mieux avec la nature et nos paysages le scénario Afterres 2050 de l’association SOLAGRO
(voir ci dessous pour ces deux scénarios)
Et enfin, quant-a sortir d’un monde ou l’aliénation du bien commun est permise il y a un outil qui je crois est à créer et qui devrait en urgence mobiliser l’ensemble des écologistes

Christian OLIVE

Contributions Les contributions de Christian Olive
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3 réflexions au sujet de “Être ou ne pas être 🗺

  1. lu:
    « On lit le guide de l’anti-consommation, Reiser diffuse une culture du Solaire et de la maison autonome, Charles Dumont concrétise la nécessité d’une place de la réflexion écologique dans le fonctionnement de nos sociétés, des associations écolos fleurissent un peu partout pour permettre à leur membre de s’entraider dans cette démarche. »

    est ce Charles Dumont le chanteur? ou René Dumont le candidat président de 1974 ?

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