Élections 2022. La coopération sera la seule voie possible pour mettre l’écologie au pouvoir

En ce début d’année 2022, je me pose la question d’une réelle volonté du pôle écologiste à mettre l’écologie au pouvoir en 2022, ce qui nécessiterait la constitution d’une équipe écologiste composée d’un président, de ministres, de secrétaires d’état, et d’une majorité de députés à l’assemblée nationale, afin de pouvoir légiférer. Est ce réalisable?

Le pôle écologiste, auquel nous appartenons en tant qu’EELV, a choisi avec Yannick Jadot un candidat sérieux qui s’est préparé de longue date à pouvoir assurer la responsabilité d’être président de la République, mais pour le reste de l’équipe nécessaire pour gouverner sans entraves, combien de militants écologistes auraient la capacité d’assumer ces diverses responsabilités, que ce soit au gouvernement, ou à l’assemblée nationale?

Une alliance élargie au delà du pôle écologiste déjà existant, aux différents courants des gauches et des écologistes, serait à mon avis la seule voie possible pour que l’écologie accède au pouvoir. Cela se ferait en trois étapes :


1- Pour l’élection présidentielle tout d’abord, le ticket d’entrée au second tour sera d’avoir de l’ordre de 20% des votants, pour dépasser les différents candidats de la droite et de l’extrême droite. Seul un candidat, ou une candidate, recueillant au premier tour de l’élection présidentielle toutes les voix des Écologistes et des Gauches aurait une forte probabilité de se retrouver au second tour. Les différents sondages du dernier trimestre de 2021 donnent à penser que l’électorat potentiel de tous les courants de gauche ou écologistes est de l’ordre de 25%, donc c’est tout à fait possible de recueillir  les voix de 80% de cet électorat autour d’une personne qui ne soit pas forcément Yannick Jadot. Cette approche de constituer une équipe solidaire  n’est pas celle des candidats déjà déclarés pour la fonction présidentielle fin 2021, ni non plus celle de la primaire populaire qui s’est cantonnée à ce jour à construire une compétition pour nominer 5 hommes et 5 femmes qui soient les plus désirées par des électeurs sensibles à l’écologie, à l’humanisme, et à la démocratie. Est ce vraiment ce que nous souhaitons pour la société écologiste, un monarque républicain à l’image du président actuel ayant tous les pouvoirs?


2- Pour les postes de ministres et secrétaires d’état qui seraient à nommer dès le 25 avril, puisque le nouveau président aurait à assumer une cohabitation de deux mois entre le parlement actuel et le nouveau gouvernement nommé par le président. Cela impliquerait que ce gouvernement d’une trentaine de personnes soit préparé à s’y plonger du jour au lendemain. Pourrions nous avoir un gouvernement qui soit composé uniquement de militants écologistes pour gérer de façon opérationnelle 7 jours sur 7 la nation française? Cela ne me semble pas raisonnable, l’expérience de celles et ceux qui ont déjà été dans ces fonctions est importante pour ne pas faire n’importe quoi. Il en va de la crédibilité de l’état français vis à vis des autres gouvernements et malheureusement aussi de la finance internationale. L’union des Gauches et des Écologistes serait un moyen de rallier des personnalités, encartées ou pas dans un parti politique, donnant un gage de responsabilité à l’extérieur de la France.


3- Pour les futurs députés, une majorité sera nécessaire pour légiférer avec un sénat majoritairement à droite. Ce qui se traduit par à minima 290 nouveaux députés écologistes qui soient élus en juin 2022, eux aussi débutants dans une fonction qui est compliquée, voire complexe, très lourde à assumer en disponibilité pour les cinq années à venir. L’expérience de députés actuels ou passés des Gauches et des Écologistes sera de mon point de vue nécessaire pour aider ces nouveaux députés sans expérience à intégrer toutes les subtilités du travail d’un député.


Une alternative à la monarchie républicaine actuelle serait donc de constituer une union des forces des Gauches et des Écologistes qui se baserait sur un pacte de coalition, incluant le choix d’un binôme président – premier ministre à parité de genre, d’une répartition équitable de la trentaine de postes ministériels, là aussi à parité de genre, d’un contrat de législature répartissant équitablement les 577 circonscriptions entre les partenaires de l’union, ainsi que la répartition des subventions de l’état aux partis politiques, et enfin un programme d’union reprenant les propositions faisant consensus entre les partenaires de l’union, les dissensus comme le serait par exemple le nucléaire, étant renvoyés aux futurs débats parlementaires qui trancheront.

L’archipel de l’écologie et des solidarités, dont la coopérative EELV est l’une des 20 organisations partenaires, qu’elles soient politiques ou non politiques, a travaillé durant l’automne 2021 sur ce que pourrait être cette alternative d’union, qui pourrait servir de base aux futurs partenaires pour définir leur pacte de coalition durant l’hiver 2022. La structure atypique dite en archipel, donne les mêmes pouvoirs à des organisations quelques soient leurs tailles, permettant ainsi l’émergence d’idées novatrices, forcément minoritaires au début, mais qui peuvent se construire  progressivement grâce à l’appui des autres partenaires de l’archipel.

Denis Guenneau
Coopérateur PACA

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