Malthus avait tout prévu dès 1798, l’épidémie, la famine, les guerres. Dans son « Essai sur le principe de population », il ramenait les causes multiples de ces dysfonctionnements à une cause principale, la non maîtrise de sa fécondité par l’espèce humaine. Dans une note, Malthus précisera son idée de fond :
« A ce qu’il me semble personnellement, celui qui indique le moyen d’atteindre un mieux relatif est un bien plus grand bienfaiteur de l’humanité que celui qui se contente de discourir sur les tares de la société actuelle et la beauté d’une société différente, sans indiquer une méthode concrète pour accélérer notre progression de l’une vers l’autre. »
A son avis, il était donc nécessaire de réguler l’évolution de la population à un niveau compatible avec les ressources alimentaires.
Qu’en penser aujourd’hui alors que la révolution agricole a multiplié depuis 200 ans les ressources et accompagné l’explosion démographique ? Avant la crise sanitaire actuelle, les indicateurs de la malnutrition étaient déjà dans le rouge, 820 millions de personnes souffrant déjà de la faim, un Terrien sur neuf. Selon la FAO(1), la pandémie de Covid-19 pourrait ajouter, avec la récession économique, 15 à 80 millions de personnes à cette estimation. L’objectif « faim zéro d’ici à 2030 », que s’est fixé la communauté internationale, semble de moins en moins atteignable. Il est vrai que les médias, les experts et les politiques insistent toujours sur l’alimentation, les gaspillages des riches, les inégalités de distribution de nourriture, mais n’abordent quasiment jamais la nécessaire régulation des naissances. Erreur funeste.
Nous connaissons aujourd’hui avec la contamination virale le vertige des exponentielles. Si tu es porteur du virus et que tu contamines deux personnes, ces deux personnes vont transmettre à leur tour le Covid-19 à quatre personnes, puis à 8, etc. Cela apparaît au début peu inquiétant, mais au bout de dix transmissions, une seule personne en a rendu malade 1 027 ; au bout de 20 transmissions il y a plus d’un million de personnes infectées. Ce schéma théorique est proche de la vitesse de diffusion du coronavirus. La courbe épidémique chinoise semble montrer un « R0 » de 2,2. Le R0 correspond au nombre moyen de personnes qu’un individu infecté peut contaminer en six jours. La multiplication humaine suit le même schéma d’une génération à l’autre. Même avec un taux réduit d’accroissement naturel actuellement d’un peu plus de 1 %, les humains doublent leur nombre tous les 70 ans, et cela se compte dorénavant en milliards !
La deuxième leçon à tirer de l’épisode SARS-CoV-2, c’est qu’arrêter la diffusion exponentielle du virus est extrêmement difficile, même après un confinement généralisé de deux mois. Les comportements sociaux ne suivent pas forcément les directives médicales de distanciation sociale. Il en serait de même de la démographie humaine, il suffit de voir les bagarres homériques à propos de l’avortement ou même de la contraception. De toute façon, presque aucun gouvernement, sauf le repoussoir que constitue la Chine pour certains, n’a programmé de politique malthusienne.
Ajoutons le lien direct entre pandémie et densité humaine. Wuhan était peuplée de 11 millions d’habitants, les grandes villes concentrées sont les plus touchées par le virus, et métros et stades de foot sont vecteurs privilégiés de la contamination. Combattre la surpopulation devrait aller de pair avec les objectifs de sobriété partagée.
Comme nous sommes dans un mouvement politique qui propose des solutions à mettre en œuvre, il serait bon que le parti EELV, imperméable actuellement au message démographique, en revienne au message de René Dumont, candidat de l’écologie à la présidentielle 1974 :
« Nous sommes les premiers à avoir dit que la croissance démographique doit être arrêtée d’abord dans les pays riches, parce que c’est dans les pays riches que le pillage du Tiers-Monde, par le gaspillage des matières sous-payées, aboutit aux plus grandes destructions de richesse.[…]. Il faut réagir contre la surpopulation. En Inde surpeuplée certes, mais surtout chez les riches : 500 fois plus d’énergie consommée par tête à New York que chez le paysan indien. Ce qui remet en cause toutes les formes d’encouragement à la natalité, chez nous en France. »
Michel Sourrouille
Coopérateur EELV
Poitou-Charentes
(1) http://www.fao.org/3/ca8800en/ca8800en.pdf
Thanks for sharing. I read many of your blog posts, cool, your blog is very good.