La Ministre des Solidarités et de la Santé annonce le déremboursement des médicaments homéopathiques dès 2021. Cette décision précipitée, motivée par aucune urgence économique ni aucun risque sanitaire, fait fi de toutes les conséquences en termes de santé publique, de recherche et d’égalité d’accès aux médicaments.
Une mesure qui n’est pas prioritaire
Alors que 20000 morts par an* sont liés aux effets secondaires des médicaments, alors que les médicaments inutiles ou dangereux coûteraient 15 milliards à la sécurité sociale par an**… quelle mesure Agnès Buzyn adopte-t-elle en urgence ? Le déremboursement de l’homéopathie, pour une économie « substantielle »… d’à peine 1 % des dépenses en médicaments. D’autres mesures étaient envisageables, alors que la prévention reste le parent pauvre des politiques de santé, que la pénurie de médecins généralistes génère une offre de santé à deux vitesses, que les Urgences sont en grève dans tout le pays et que les maternités ferment !
Un manque à gagner
Ce qui fonde l’accès au remboursement est le service médical rendu. Or l’homéopathie rend un service au patient. En effet, elle peut le rassurer, lorsqu’elle est prescrite pour soigner une maladie qui ne nécessite pas de traitement médicamenteux allopathiques, évitant ainsi des risques d’effets secondaires et une pollution environnementale par les résidus. Elle s’impose comme médecine complémentaire, dans les situations où les médicaments traditionnels sont inefficaces, ou en appui de traitements lourds comportant des effets secondaires non soulagés. De ce fait, la consultation du médecin-homéopathe permet un suivi du patient, le dépistage parfois de pathologies plus graves et une réponse à des besoins.
Une médecine à deux vitesses
Alors qu’aujourd’hui, 70 % des français utilisent l’homéopathie, principalement ou occasionnellement, seuls les plus riches pourront se permettre de continuer à l’utiliser, renforçant encore les inégalités de santé.
Un cadeau aux laboratoires pharmaceutiques
Le déremboursement de l’homéopathie va inévitablement entraîner une hausse de son prix pour compenser la perte des prescriptions et le report sur des autres medicaments remboursés pour les patients les plus modestes.
La voie ouverte à l’absence de contrôle sur les médecines complémentaires
Le déremboursement de l’homéopathie est un premier pas : si elle n’est plus prise en charge par l’assurance maladie, il n’y a qu’un pas vers l’arrêt de son enseignement dans les universités de médecine. Le risque : la sortir du contrôle sanitaire et la réserver à des « guérisseurs » non formés, ou à l’automédication incontrôlée. Cela augmentera inévitablement le nombre de faits divers de personnes décédées après avoir cherché à soigner leur cancer ou de complications graves chez des enfants dont les parents auront traité l’otite avec l’homéopathie…. L’homéopathie sera alors dénoncée comme la cause de ce phénomène et on verra son élimination des soins.
Il est essentiel que l’homéopathie soit prescrite par des médecins, ce qui garantit un diagnostic solide et une orientation adaptée.
La commission santé d’Europe Ecologie les Verts demande :
– un moratoire sur cette décision hâtive et irresponsable
– la défense d’une politique de prévention face au tout curatif
– le respect de la démocratie sanitaire et du droit des patient.e.s
*d’après le magazine Prescrire
**d’après le livre du Pr Even et Pr Debré
Olivia Hicks et Victor Fornito. Responsables de la commission santé