Philippulus, le Prophète d’un album de Tintin annonçait « Des jours de terreur à venir, des jours de peste, de rougeole et de choléra ». Nous y sommes, nous voilà en pandémie ! Non, Monsieur Macron, pas en guerre, en pandémie. Aucune victoire possible au bout du fusil, nous n’éradiquerons pas le virus, nous apprendrons à vivre avec. D’autres formes viendront plus complexes, plus dangereuses.
Certains voient ce monde au temps du coronavirus comme une préfiguration de la post-croissance qui résultera, dans quelques décennies, de nos incapacités à atténuer le dérèglement climatique et à éviter l’épuisement des ressources essentielles. Il faut alors s’interroger sur ce qui crée de la qualité de vie dans un tel scénario. On y trouvera pêle-mêle ce qui peut fonder une société du Bien vivre : convivialité, solidarité, équité, proximité, lenteur, temps libre créatif, autolimitation et frugalité.
Mais quelle convivialité lorsque l’outil numérique, le plus symptomatique de l’individualisation de notre société, remplace le contact humain ? lorsque les courriels envoyés à son voisin remplacent les échanges « physiques », les gestes de sympathie ? lorsque l’expression festive du plaisir d’être ensemble se limite à la cellule familiale.
Quelle solidarité lorsque l’Etat, qui fait un retour salutaire en tant qu’Etat pompier, fournisseur de services sociaux et de sécurité publique, se perd dans des arbitrages contradictoires entre enjeux sanitaires, économiques et électoraux ? lorsque chacun s’interroge sur quelle manifestation de solidarité est encore autorisée ?
Quelle équité lorsque les personnes les plus exposées sont celles du bas de l’échelle sociale ? lorsque s’opère un clivage entre les métiers « télétravaillables » et les autres ? lorsque les personnes isolées subissent de plein fouet la claustration obligatoire ? lorsque les femmes (infirmières, personnel des EHPAD, femmes de ménage, caissières, enseignantes du primaire…) sont systématiquement en première ligne. Nous sommes tous sur le même bateau, mais ce bateau n’est pas le même pour tous.
Quelle frugalité, quelle déconsommation, lorsque les ventes de produits de toutes sortes explosent sur Amazone ?
Non, décidément, le compte d’une société post-croissante n’y est pas. Si, comme je l’indique dans le premier article, l’ordre économique actuel a muté en une forme de décroissance à méditer pour l’avenir, au plan strictement humain et comportemental en revanche, il est indécent et extrêmement peu empathique de vanter les mérites d’une prétendue expérimentation post-croissante. Car cette « expérimentation » prend, chaque jour un peu plus, un tour tragique pour des dizaines, voire des centaines de milliers de personnes.
Patrick Salez
Coopérateur EELV
Poitou-Charentes
Il y a soixante ans que nous aurions dû freiner nos appétits de tout. Un demi-siècle de boulimie plus tard, nous en somme à tenter de rentrer le dentifrice dans son tube. Fous que nous sommes !!!
Pour moi l’être humain (homo sapiens) est une erreur de la nature. Depuis 4 500 000 000 d’années cette nature, notre planète, s’en est pas trop mal sortie entre réchauffements et glaciations. Elle a corrigé la trajectoire en quelques millénaires. Hier encore les dinosaures disparaissaient, c’était il y a soixante cinq millions d’années. Aujourd’hui l’anthropocène est un grand coup de frein (3 ou 4 siècles) de quelques secondes à peine nécessaires à l’éradication de la branche homo sapiens.