Les épidémies comptent parmi les facteurs de cet effondrement de nos sociétés si cher aux collapsologues. Le coronavirus ne nous entraînera sans doute pas vers la fin de la civilisation thermo-industrielle, mais il générera une terrible mortalité ainsi que la forte récession économique que beaucoup craignaient pour des raisons financières. Plus largement, l’émergence, les flux et la cartographie du coronavirus sont riches d’enseignements sur les fragilités et les points de rupture de notre monde.
Deux facettes de la mondialisation se trouvent directement remises en cause :
- Les processus de production et de délocalisation qui ont fait une large place aux flux-tendus (sans stockage) et aux chaînes de valeur, avec un rôle central de « l’atelier » chinois, puis des moins-disants sociaux asiatiques (Indonésie, Vietnam, Thaïlande, Cambodge, Malaisie, etc.), dans la fabrication des produits semi-finis ;
- Les va-et-vient touristiques incessants à coups de vols low cost, de visites de masse des lieux « emblématiques » et d’achats standardisés.
Cette poussée épidémique et sa cartographie devraient interroger les citoyens-consommateurs, les entreprises et les grandes institutions sur l’organisation du monde, les priorités et les systèmes de valeurs de demain. Elles pourraient même devenir salutaires si nous répondions sérieusement, profondément, aux quelques questions – non exhaustives – suivantes.
- De quelle maladie de société et de quelle crise existentielle cette frénésie touristique mondiale et cette dépendance au dernier modèle du I-phone sont-elles le symptôme ?
- N’y-a-t-il pas urgence à reconvertir notre économie et nos modes de vie vers la décroissance ou, pour le moins, vers une autre forme de croissance ?
- L’Organisation mondiale du commerce et l’Union européenne vont-elles enfin – au delà des effets d’annonce – réguler le commerce au bénéfice des exigences climatiques, sanitaires et sociales ? Vont-elles laisser une place accrue aux activités relocalisées ?
- L’aide internationale et européenne au développement et les choix nationaux ne doivent-ils pas privilégier de façon substantielle le respect des droits humains fondamentaux (lutte contre la pauvreté, équipements de santé, éducation, hygiène, alimentation saine) ?
Et dans l’immédiat, avant même ces questions, une affirmation : comme nous y incitait Greta Thunberg dans le registre climatique, écoutons nos scientifiques. En l’occurrence, nos épidémiologistes !
Patrick Salez
Coopérateur EELV
Poitou-Charentes
Redite pas très originale, mais 100% d’accord.