Compte-rendu de l’Agora du 2 février 2019

I- L’Agora, ses présent.e.s le 2 février, leurs difficultés, leurs analyses à chaud.
Les présent.e.s :
 Centre Val de Loire : Sylvaine Noël
 IDF : Antoine Valabregue ; Bernard Roze ; Pierre Stoeber ; Gilles Bénard ; Denis Guenneau ; Jean Morlais
 Languedoc Roussillon : Christian Olive
 Midi Pyrénées : Sophie Handschutter
 PACA : Marie Nicole Payet ; Brigitte Giry ; Rosy Inaudi ; Marc Gallardo
 PDL : Daphnée Raveneau ; Christine Ladret
 Poitou-Charentes : Patrick Salez
 Bourgogne : François Lotteau
Sur 38 membres de l’Agora, 17 sont présents pour cette journée de travail, dont 7 femmes et 10 hommes, 10 membres du parti politique et 7 membres du réseau coopératif, 8 régions EELV sont représentées.
Une composition de cette Agora relativement équilibrée en rapport hommes-femmes, parti/réseau coopératif et régions représentées.
Profils des participant.e.s :
Parmi les coopérateurs et coopératrices plusieurs présent.e.s ont été antérieurement adhérent.e.s du parti et ont souhaité en sortir. Ils restent donc toujours porteurs et porteuses d’un projet de réorganisation du mouvement assez précis : ouvrir le mouvement vers l’extérieur, le structurer différemment, trouver un meilleur équilibre parti-coopérative-Agora, faire monter le Mouvement en compétences.
D’autres coopérateurs et coopératrices se qualifiant eux-mêmes « d’écologistes naturels » sont dans l’action concrète et souhaiteraient un soutien concret du Mouvement aux actions qu’ils conduisent et à leur valorisation.
Parmi les adhérent.e.s du Parti, certains ont une pratique avérée de l’écologie associative (fondation d’Amap, création de coopératives écologiques et citoyennes dans l’éolien), d’autres sont adhérent.e.s fidèles sans être de grand.e.s militant.e.s, d’autres encore sont très investi.e.s politiquement en interne et en externe du Parti.
Debriefing de leurs difficultés et de leurs analyses à chaud :
1-Sur la période politique actuelle :
Le mouvement des gilets jaunes et la conscience de plus en plus partagée de l’urgence climatique changent les perspectives actuelles et peuvent être une opportunité à saisir, mais nombre de jeunes sont plus attirés par des collectifs que par notre Mouvement et tous les écologistes de terrain sont loin de voter EELV
2-Sur le mouvement :
De nombreux membres sont arrivés en 2010 plein d’espoirs heureux d’arborer l’étiquette EELV, mais depuis il y a eu, du côté des adhérent.e.s, de nombreuses désillusions internes suivies de démissions : la brutalité d’un fonctionnement vertical et en « petits noyaux » à tous les niveaux d’un parti manquant de transparence avec beaucoup d’opportunistes et de velléitaires en a échaudé plus d’un.e. Les phénomènes d’entrisme et la prime majoritaire, pas réellement démocratique, pourrait expliquer cela. EELV a pu confondre autonomie et isolement.
Il reste cependant parmi nous, de fidèles adhérent.e.s, parfois peu portés au militantisme.
Vu de l’extérieur, certains comportements personnels ou de groupe nous ont desservis et nous pouvons parfois être vus comme détenteurs de vérités, donneurs de leçons, avec des egos surdimensionnés, ce qui se résume de manière brutale par « Khmers verts ».
Certains élus, certains candidats, n’osent plus s’afficher sous l’étiquette EELV et créent des associations citoyennes de soutien tout en continuant à s’appuyer sur l’infrastructure du parti. Certains élus citoyens reversent donc, en toute légitimité pour eux, à l’association de soutien qui les a portés sans voir que, ce faisant, ils contribuent à affaiblir un Parti qui a contribué à les faire élire.
Il apparait dans les groupes locaux un cruel besoin de formation autour des questions d’écologie alors qu’existent des compétences et que certains sont prêts à les mettre au service du Mouvement. Il manque de fiches de vulgarisation écologiques simples et de projets à partager
Le Réseau Coopératif qui devait être le terreau du parti a plus été empêché qu’il n’a été soutenu.

II- L’Agora, les Assises de l’Ecologie et des Solidarités et la Réinvention du Mouvement.

L’Agora :
L’Agora est un lieu d’ouverture et de rassemblement où l’on apprend à réfléchir ensemble entre Parti et Réseau. Son rôle, inscrit dans les statuts est fondamental : grandes orientations politiques, animation et expertise.
L’Agora, qui était une chance pour faire émerger des idées, n’a pas reçu du parti la reconnaissance suffisante de son rôle. Le Parti et le BE ignorent plus ou moins l’Agora depuis le début et a pu parfois entraver son fonctionnement.
L’articulation Coopérative-Parti est donc insatisfaisante alors que la coopérative était un terreau écologique. Encore aux journées d’été 2018 à Strasbourg, il a fallu que les membres de l’Agora réalisent et distribuent des flyers pour informer car son atelier de réflexion n’était pas inscrit dans le programme général. En outre, le Réseau Coopératif a dû financer la location de la salle à hauteur de 500€. Malgré cela, la réflexion sur « la place de l’écologie politique » était suffisamment attractive pour faire salle comble avec plus d’une centaine de participant.e.s.
Il est nécessaire que l’Agora soit reconnue comme elle a été pensée lors de sa création et décrite dans les statuts actuels.

Les Assises :
La dynamique des Assises n’a pas été suffisamment portée par le BE. Le processus semble actuellement gelé au niveau national en raison des élections européennes. Les deux membres du bureau exécutif (Julien Bayou et Nadia Azoug) qui représentaient le Parti n’y siègent plus. Seul.e.s, Hélène Hardy et Jean Desessard, y siègent en tant que coordinateurs de l’ensemble des organisations écologistes représentées mais pas en tant que représentant.e.s du parti.
Par ailleurs, les Assises Nationales ne sont pas réellement représentatives des Régions, les relais régionaux n’ayant pas très bien fonctionné. Seule la région PACA a lancé un comité de pilotage régional qui intègre réellement les Associations.
Néanmoins, les Assises nationales restent une opportunité à ne pas manquer pour proposer une offre écologiste forte et rassemblée en un grand front républicain aux présidentielles de 2022. Il faudra passer le premier tour pour avoir une offre de gouvernement !

La Réinvention :
Dès 2016, Julien Bayou et Nadia Azoug ont été mandatés par le BE pour travailler sur la Réinvention du Parti. Le processus, qui a débuté par un premier diagnostic en été 2017, est actuellement relancé avec un échéancier extrêmement contraint devant aboutir en mai 2019.
Le questionnaire envoyé aux adhérents sur la Réinvention ne porte pas sur le fond de cette Réinvention dans un cadre politique plus ouvert, le « pourquoi est-ce nécessaire et que faudrait-il faire pour devenir majoritaire ? » mais sur une révision de statuts.
Les statuts ne sont pas un problème en soi, ils sont plutôt les garants de l’organisation du Mouvement.
Au lieu de se focaliser sur leur changement, alors qu’ils ont été revus en 2016 et qu’ils sont allègrement transgressés par nombre de groupes locaux, ce sont plutôt nos pratiques qu’il faudrait questionner. Pourquoi ne pas s’inspirer des pratiques des autres partis verts européens et réfléchir simplement sur les usages et les mésusages actuels de nos statuts (non-respect de la place de l’Agora, suspension des règles avant les élections, fonctionnement clanique des motions) plutôt que de vouloir les modifier ?

Le télescopage des deux processus :
Le maintien des deux processus en parallèle sans liaisons sème le doute quant au sens de tout cela, au rôle de chacun et à la sérénité des débats à venir alors qu’il faudrait acter la réorganisation avant les municipales car c’est une échéance importante et cela deviendra un outil pour reconstruire. Le Congrès doit être celui du Mouvement voire au-delà et pas seulement du parti : l’entre soi appauvrit. Il faut conserver tout ce qui peut enrichir.

III- Prospective : vers une nouvelle Organisation de l’Ecologie Politique.

Position du Réseau Coopératif.
Les 4 scénarios imaginés lors de la dernière rencontre du Réseau Coopératif :

Scénario 1 présenté par Denis Guenneau.
1- Le Mouvement vit essentiellement du financement d’état qui sert à la logistique du Mouvement, pas seulement à celle du Parti. Le conseil statutaire a le respect des statuts dans ses missions, donc le Parti et le Réseau Coopératif.
Les cotisations et dons au Réseau Coopératif, font l’objet d’une ligne budgétaire du budget du Mouvement. Ces ressources concourent également au fonctionnement du Mouvement par un prélèvement de 15%.
Sur les territoires, des budgets régionaux sont octroyés aux Régions structurées comme PACA et IDF.
Le Mouvement EELV devrait pouvoir s’ouvrir aux militants écologistes par un simple clic avec une cotisation libre sans que ce soit de l’entrisme. On pourrait ainsi accrocher les 2 millions de signataires de l’appel pour le climat.
2- Ouvrir sur les territoires des Maisons de l’Ecologie ouvertes à tous ;
3- Cela permettrait de créer des liens sur un territoire donné avec les autres organisations, politiques ou non… ;
4- Participation des coopérateurs et coopératrices au choix des différentes candidatures serait une avancée vers l’ouverture du Mouvement ;
5- Il faudrait des journées de réflexion plus nombreuses pour l’Agora, qui en fait ne coûtent pas très cher au Parti et à la Coopérative. Une prochaine Agora aux journées d’été serait à programmer pour faire la continuité à celle du 2 février ;
6- Les outils internet du Mouvement devraient être plus sophistiqués pour coller aux pratiques politiques des autres organisations politiques ;
7- Les commissions thématiques constituées d’experts pourraient venir éclairer l’Agora. Elles devraient dépendre de l’Agora et non pas du Réseau Coopératif comme écrit dans les statuts ;
8- L’Agora est selon les statuts chargée de proposer des orientations politiques dans le cadre politique fixé par le congrès. Ce pourrait être sous la forme d’une feuille de route sur les grandes orientations ;
9- Ouverture possible de l’Agora aux organisations proches d’EELV (Pôle de ressources) et à d’autres structures politiques, syndicales ? associatives ? sociétales ? ayant passées un accord avec EELV.

Scénario 2 présenté par Christian Olive.
1- La Coopérative n’existe qu’en confrontation avec le Parti politique. Elle prendra alors sa pleine dimension si on donne une réelle possibilité d’expression aux expertises et aux associations intermédiaires ;
2- Mettre en lumière notre éthique et faire émerger de la formation. Les outils existent par exemple ceux de la facilitation de la parole. Comment faire sur 35 000 communes ?
3- Comment le Mouvement se positionnerait sur les listes dites « participatives » ?
4- Oui à une maison commune de l’écologie citoyenne, où la Coopérative pourrait insuffler une dynamique en s’effaçant pour renaître… ;

Scénario 3 présenté par Brigitte Giry.
De la rencontre des 26 et 27 janvier 2019 du Réseau Coopératif sont ressortis différents problèmes.
1- Un nouveau parti de l’Écologie à structure coopérative pourrait succéder au Réseau Coopératif pour intégrer une structure fédératrice des partis et mouvements à vocation écologiste. Cela pourrait être sous la forme d’un Archipel, d’une Fédération, sur le modèle et avec l’appui de celui des Jours Heureux ;
2- Participation de ce regroupement de partis politiques aux élections, avec le Parti politique EELV s’il s’y intègre ;
3- Le financement d’état à ce groupement de partis serait redistribué au prorata du nombre de cotisant.e.s des différents partenaires.

Scénario 4, présenté par Patrick Salez.
Ce n’est pas le scénario privilégié mais un scénario de substitution si les autres n’aboutissaient pas. Il s’agirait de quitter le mouvement EE-LV et donc de se séparer du parti, en poussant la logique coopérative jusqu’au bout. Notre réseau coopératif serait membre d’un grand espace coopératif autonome. Nous y perdrions le débouché politique traditionnel mais y gagnerions en proximité avec le monde associatif et l’écologie citoyenne.
Le cercle serait ouvert à d’autres coopératives non alignées sur des partis, du type Utopia, ainsi éventuellement qu’à des Universités du type Université populaire et Université du nous, à vocation de dialogue, de réflexion collective et d’éducation populaire. L’intensité des liens entre toutes les composantes du cercle serait à définir: depuis la participation ponctuelle à des projets (modèle Osons les jours heureux), jusqu’à une plateforme ou un comité de liaison, voire des partenariats formels ou une Fédération.
Le rôle et les missions seraient à définir ensemble mais la vocation principale serait le laboratoire d’idées, le dialogue permanent avec les autres acteurs de l’écologie et la formation à la théorie et aux pratiques écologiques citoyennes.
Nous sommes conscients des difficultés de financement de cette structure. Il serait fait appel aux cotisations (modestes) et aux dons. Et la possibilité de s’allier à des partis lors de certaines élections pourrait être envisagée.

Présentation par Julien Bayou du projet de réinvention
Ci-contre, la présentation faite en conseil fédéral. https://eelv.fr/info-reinvention-cf-2018120102/
« Tout le monde parle écologie maintenant. La victoire culturelle est désormais en vue. On doit prendre le leadership d’un mouvement qui sera une alternative aux libéraux et au Rassemblement National. Rien ne se fera sans EELV dont tout le monde pense qu’il faut revoir le fonctionnement et surtout la rigidité de ses règles trop souvent suspendues car inapplicables en raison de la culture de contre-pouvoir du parti qui conduit à des processus auto-bloquants. C’est une culture (libertaire, démocratie radicale, respect des minorités,..) qui a généré ce type de règles. Mais au final, puisque tout passe par des motions, on a à la fois des motions qui ne se distinguent pas réellement par des options stratégiques ou du contenu différents et la moitié des adhérent-e-s qui n’appartiennent pas à ces motions ; donc une exclusion des débats et un problème de représentativité.
Des expérimentations sont en cours sur le territoire pour tester de nouvelles règles.
J’avoue que je ne sais pas bien à quoi sert l’Agora si ce n’est malheureusement à matérialiser l’échec de notre organisation de 2011 qui au lieu de faire un parti-coopérative, a créé un parti ET une coopérative. La coopérative a été une occasion manquée, en partie parce que nos statuts n’ont pas été appliqués et qu’il y a eu au début une volonté de saboter cette initiative ou du moins de la cantonner à une sorte d’annexe du parti.
Mais l’intuition du début, était plutôt de faire un parti-coopérative, un parti qui devienne coopérative et permette un engagement différent, plutôt que la situation actuelle, un parti et à côté une coopérative, situation qui objectivement ne fonctionne pas.
Notre mouvement ne peut plus se permettre de générer des rivalités en son sein. L’ennemi n’est pas l’autre au sein du même parti et beaucoup de décisions prises sont systématiquement contestées.
Il faut être capable de construire une vraie démocratie interne, c’est un véritable enjeu.
Il faut s’inspirer d’autres types de statuts.
Sur la compatibilité de ce processus de réinvention avec les Assises. Les Assises ont été lancées dans une période trop proche des européennes qui n’a pas permis aux partenaires de s’y engager pleinement. Mais que les assises débouchent ou non, il faudra changer nos règles avant le Congrès ou en tous cas essayer puisque c’est le mandat que nous nous sommes donnés à Pantin ; c’est une obligation de moyens, pas de résultats.
Le calendrier, dans lequel s’inscrit la campagne des Européennes que nous devons gagner, est contraint par le Congrès d’EELV à l’automne. Le questionnaire lancé il y a peu a reçu plus de 1000 réponses. Il fait suite à celui sur le diagnostic de l’été 2017.
Quel régionalisme voulons-nous ? Quelle dimension donner au parti ? Quelle démocratie interne ?
Ces questions seront débattues en février mars et pour des questions plus précises seront envoyées en mars avril aux adhérent-e-s pour obtenir une sorte de cahier des charges. Ensuite une ébauche de statuts et un Règlement Intérieur sera ensuite rédigée, et proposée aux adhérents en juin qui feront leurs propres propositions et trancheront entre les différentes options.
Une relecture en sera faite par un juriste et mise au vote ensuite fin juin. Si ce vote est positif, le congrès se tiendra alors selon les nouvelles règles.
Conclusion : La réinvention avec les Assises, avec l’Agora et les Coopérateurs peut être l’occasion de se mettre au travail et de créer une nouvelle espérance.

IV- Position commune de l’Agora sur les évolutions du mouvement EELV.
La nouvelle organisation de L’Ecologie Politique se cherche aujourd’hui tout à la fois dans les Assises, dans le processus de Réinvention initié par le Parti et dans les réflexions conduites depuis plusieurs mois par l’Agora. Les réflexions conduites dans ces 3 processus doivent se rassembler pour proposer une nouvelle organisation qui prenne mieux en compte les différents appels des citoyen.ne.s.
Le rassemblement-dépassement doit se faire au prochain Congrès et les élections municipales pourraient être l’une des bases de la construction.
Décision 1 : L’Agora doit redevenir, conformément aux statuts du Mouvement, une instance qui co-construit et propose des orientations politiques au parti et à son organe de décision, le Conseil Fédéral.
Pour mener à bien ses missions, elle organisera des rencontres et construira des ponts avec d’autres organisations partenaires putatives dans le champ de l’Ecologie Politique.
L’Agora pourrait s’organiser comme le propose la motion de Christian Olive en trois collèges (ci-jointe) : https://coop.eelv.fr/proposition-de-motion-texte-martyrs/
Décision 2 : Concrètement, Denis Guenneau est chargé d’organiser les liens avec les Assises par la prise de contact avec ses 2 coordonnateurs Hélène Hardy, et Jean Desessard.
Gilles Bénard, de son côté, est chargé d’organiser les liens avec le BE par une prise de contact avec Alain Coulombel, membre de l’Agora ainsi qu’avec Julien Bayou, responsable de le Réinvention au BE.
Décision 3 : Un communiqué à usage interne au mouvement EELV reprenant les travaux et les décisions prises lors de cette Agora sera envoyé sur la liste du Conseil Fédéral

2 réflexions au sujet de “Compte-rendu de l’Agora du 2 février 2019

  1. Bonjour, la vocation politique issue de la mutation d’EE-LV doit être préservée, selon moi. La gestion des institutions républicaines n’est pas antinomiques avec l’écologie citoyenne si elle est bien expliquée. Je suis signataire de la motion portée par l’Agora lors du CF de juin 2019. A bientôt, SR (CF EE-LV Poitou-Charentes)

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