Proposition pour une mutation de la coopérative – version 2.2

Le Mouvement EELV a affirmé sa volonté de porter une certaine radicalité dans ses engagements. Une des conséquences est qu’il est important d’insuffler le sentiment de courage nécessaire pour porter notre transformation individuelle. Transformation individuelle qui  dans une démocratie qui rejette l’autoritarisme est la base de la transformation collective.
Et pour cela deux visions restent présentes :

  • Comme le texte ci dessous le présente, partir de l’individu et par conséquent  porter une démarche d’organisation ou le fonctionnement du système n’est pas normalisée et est issue des participants, cela demande un lâcher-prise du mouvement. Les maisons autonomes coopératives sont les lieux qui permettent, dans le temps et au plus près de chacun, d’affronter la complexité de notre engagement collectif en recréant des lieux d’inclusion des engagements « bornés » (périmètre défini) de tous les participants. Ce parcours laisse la place à la radicalité de chacun porté par l’engagement individuel s’appuyant sur les possibilités d’appropriation des pratiques issues de l’intelligence collective.
  • Ou une réflexion plus « classique » qui porte une démarche de fonctionnement d’un système qui sublimerait la volonté des participants, on est dans le contrôle. Dans le temps, cette démarche crée des colères ou des dénis, et cela nous le savons tous. Ce parcours à démontrer sa non radicalité par le blocage de la plupart des impulsions individuelles et sa lenteur de mise en œuvre.

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La proposition se trouve sous la note de Mise à Jour (Maj) – et merci pour vos retours.

Note de Maj – version 2.2
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  • Dans tous le texte (plusieurs fois) – précision apportée – la notion d’autonomie n’est pas assez lisible en ce qui concerne les maisons coopératives citoyenne et écologique (MaCCE) le nom de projet devient « Maison  Autonome et Coopérative Citoyenne et Écologique » (MACCE)
  • Ajouté à la fin  :
    • Un petit schéma pour imager
    • Une conclusion
    • une note sur l’expertise
  • 1er paragraphe – précision apportée : ajouté – tout en lui donnant un intérêt pour le collectif,
  • Titre  3eme paragraphe – précision apportée – enrichie par un investissement solidaire et de réseaux.
  • Quatrième paragraphe, ajouté « inscrite dans »,(…. plus d’autonomisation au sens où celle-ci est toujours inscrite dans une juste analyse des interdépendances….)
  • Cinquième paragraphe, mise en évidence de : à une myriade de clubs sportifs
  • Sixième paragraphe, remplacé le titre en gardant l’analogie avec la démarche sportive et en précisant : Faire muter le Réseau coopératif pour qu’il soit « une myriade de clubs politiques », une myriade de tiers lieux citoyens.
  • Septième paragraphe, remplacé Fédérer par  : Faire vivre le réseau ………. et créer une communauté d’intention
  • Septième paragraphe, supprimé « Cette charte pour l’instant est celle des Verts mondiaux et comprend la notion de démocratie coopérative. » et remplacé par « donnant un sens aux mots composant l’acronyme MACCE »

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Ni sympathisant, ni partisan, mais acteur !

1 – Une mutation profonde du Réseau coopératif à l’intérieur du Mouvement de l’écologie EELV.

Le texte ci-dessous, portant cette mutation, est le résultat d’un travail de plusieurs mois. Il a été présenté sous différentes formes au CNARC, à l’Agora, et aux Assises. Il s’est enrichi de commentaires et des remarques issus de ces assemblées et des expressions remarquées de participants sur les listes de discussion internes au mouvement EELV. Il met l’individu en avant, tout en lui donnant un intérêt pour le collectif, et porte un chemin vers la mise en place d’une démocratie coopérative à l’intérieur et à l’extérieur du Mouvement EELV. Il a pour ambition de participer à une dynamique politique permettant d’être présent au deuxième tour des élections présidentielles de 2022.

2 – Beaucoup de militants écologistes, mais pas encore suffisamment d’intelligence collective.

Les individus écologistes que le Réseau coopératif EELV pourrait se donner comme objectif de rassembler, en vue d’une citoyenneté pesant sur la marche des institutions, sont des citoyens qui traduisent chacune de leurs « tensions » dans des réseaux militants.

Ils concilient leur envie d’agir dans un domaine défini (climat, pesticides, OGM, énergie, etc.) ou d’une manière particulière (citoyenne, non violente, en désobéissant, radicale, etc.).

On les trouve, liste non exhaustive, à Alternatiba, ANV, COP21, le Ruban vert, le Mouvement des coquelicots, La base, XR, PNLP, Démocratie vivante, LDH, Greenpeace, Action pour le climat et une foultitude d’autres endroits de « conciliation de tensions ».

Il manque aujourd’hui des lieux, des espaces, de proximité physique et de « coworking politique ».

3 – Les engagements écologistes relèvent pour beaucoup d’une démarche « autonome » enrichie par un investissement solidaire et de réseaux.

Les manifestations pour le climat l’ont montré.

Les manifestants étaient pour la plupart des électrons libres. Ceux-ci remerciaient « les vieux » de venir les soutenir et étaient avides d’un symbolisme marquant leur engagement. Ils s’appropriaient, au petit bonheur la chance, drapeaux, pancartes, badges, autocollants, sans bien savoir ce qu’ils représentaient. Ils affichaient leur manque de connaissances des institutions et des partis en tant qu’organisations et découvraient qu’il existait des gens qui s’étaient rassemblés depuis un certain temps autour de la justice climatique…

Ils étaient preneurs de repères, mais il était évident que c’était eux qui étaient à la manœuvre.

4 – Donner un cadre, des repères, mais ne pas encadrer.

Pour cela, l’enjeu est de favoriser la réappropriation de la parole politique et de l’espace public par les citoyens, tout en sachant que les risques environnementaux sont aujourd’hui beaucoup trop forts pour être pris en compte de manière rationnelle par les individus sans la possibilité de formation, d’information, de conseils et d’avis thématiques collectifs.

Nous devons construire une organisation politique qui tient compte des facteurs suivants :

– Dans notre constitution, l’électeur/compétiteur a son institution qui lui ôte toute responsabilité une fois son bulletin mis dans l’urne. Alors que l’individu citoyen/coopérateur n’a que la grève, les manifestations, la justice, la désobéissance civile et plus si affinité pour agir.

– L’écologiste dans son rapport à la société se doit d’exister en tant qu’individu. Il veut prendre sa vie en main. Une société est à l’image des individus qui la composent. Déléguer toute son identité au collectif, c’est s’abandonner et c’est surtout mettre de côté la complexité pour l’uniformisation, alors que notre équilibre « naturel » est complexe et oblige à aller vers plus d’autonomisation au sens où celle-ci est toujours inscrite dans une juste analyse des interdépendances avec les autres, la nature et les générations futures.

5 – Donner sans asservir, c’est permettre que l’on vous rende.

C’est la différence que l’on fait entre la charité et le don. Le don est une solidarité, alors que la charité ne donne pas la possibilité de rendre et tue l’identité.

Les fédérations sportives l’ont bien compris, elles prospèrent de cette manière.

Du sport jeu-et-santé, porté par l’individu, elles en font du sport compétition-et-spectacle, porté par le monde sportif. Elles ont devenues des machines à sélectionner les élites.Pour cela, elles ont mis en place des mécanismes de solidarité entre le sport amateur et le sport professionnel. Cette solidarité, qui est aussi financière, touche aux domaines de la formation, du recrutement, et des facilités fonctionnelles. Ces fédérations fournissent aussi le cadre des disciplines et laissent toute autonomie à une myriade de clubs sportifs.

Aujourd’hui, le monde politique, dans le cadre de nos institutions, présente beaucoup de similitudes avec le monde sportif, dans le cadre de la marchandisation des loisirs. Même si on désapprouve les deux, pour le monde politique nous devons faire encore avec. Alors inspirons-nous de ce qui marche.

6 – Faire muter le Réseau coopératif pour qu’il soit « une myriade de clubs politiques », une myriade de tiers lieux citoyens.

La fonction d’une structure de citoyens-coopérateurs-écologistes est de permettre :

  • d’une part, l’expression des intentions politiques de ces déséquilibres ;
  • d’autre part, la participation à la définition des avis, des formations, de l’information et à l’entretien d’une charte commune de l’action et de la vision politique écologiste.

Et ceci, en premier lieu, au niveau local, en permettant la participation « en archipel » des militants à leur cadre de vie, au-delà de leur bulle de confort et, en second lieu, en répercutant les difficultés et déséquilibre perçus, au niveau du territoire, de l’Europe ou du monde. Les interlocuteurs dans ce dernier cas sont la représentation institutionnelle et les partis. L’Agora EELV est l’image de l’articulation nécessaire au niveau d’un mouvement politique.

7 – Faire vivre le réseau des Maisons autonomes coopératives citoyennes et de l’écologie (MACCE) et créer une communauté d’intention

C’est un scénario de mutation de la Coopérative et de rupture inscrite dans la continuité du travail fait au niveau national par le Réseau coopératif.

Les MACCE sont attachées à un territoire de grande proximité et sont la raison d’être du mouvement coopératif qui fait évoluer sa structure nationale. Elles sont ouvertes à tous les courants de l’écologie ayant un engagement citoyen, sans exclusive de parti et d’organisation. Elles sont la matière et la raison d’être du Réseau coopératif qui deviendrait le Réseau des MACCE.

Les MACCE sont autonomes et n’ont aucune contrainte statutaire, de fonctionnement et d’action, en dehors de l’adhésion à la Charte du Réseau donnant un sens aux mots composant l’acronyme MACCE .

8 – Une mutation qui s’appuie sur l’esprit de l’existant.

Cette évolution ne fait qu’affirmer l’existant au sein du mouvement EELV, en donnant une utilité à chaque composante. Il permet de faire muter le Réseau coopératif et pousse le Parti à se réinventer sans « aller jouer dans sa cour « et sans rentrer en compétition avec lui. Il demande d’établir des solidarités internes à introduire dans les statuts du Mouvement. A terme, il permet d’élargir le « collège Parti », si le Parti existant le désire, à l’intérieur de l’Agora, en l’ouvrant aux désirs d’une « Maison commune des Partis » revendiquant une vision écologique.

Dans le cadre d’un fonctionnement « en archipel », les groupes locaux du Parti, qui conservent leurs fonctions partidaires, peuvent participer à une MACCE, de la même manière que les autres organisations locales comme les syndicats, les ONG, les associations, etc.

9 – L’esprit du Réseau des MACCE.

Il est créé des assemblées de « bio-territoires » des MACCE, qui auront le même fonctionnement que les Régions actuelles de la Coopérative, mais n’auront pas les mêmes périmètres.

La notion actuelle de Région EELV, impliquée directement dans la compétition institutionnelle, ne correspond pas à ce que la Coopérative doit essayer de construire comme notion de territoire. Ces bio-territoires ont une cohérence écologique et géographique, une notion floue pouvant intégrer des métropoles, des pays, des départements, etc., et qui justifie de regrouper des représentants de toutes les MACCE d’un bio-territoire donné en une assemblée.

Le mouvement de l’écologie, fédérateur de toutes ces énergies, aujourd’hui EELV, construit des repères utilisables par les MACCE, dans son assemblée qu’est l’Agora nationale avec ses trois collèges (Réseau des MACCE, Parti, Pôle de ressources élargi). Une MACCE peut se saisir de cet avis et décider au niveau de ses adhérents de la manière dont elle se l’approprie.

10 – Comment adhérer ?

L’adhésion au Réseau se fait par clic gratuit, avec possibilité de don et acceptation de la Charte, avec obligatoirement un attachement à une MACCE. Si elle n’existe pas, elle est créée virtuellement par simple volonté de l’adhérent. Lorsque cinq adhérents sont rattachés au même territoire, la MACCE existe. Cette disposition pousse à l’engagement local, sans le rendre obligatoire. Libre ensuite à l’adhérent de ne militer qu’au niveau d’un bio-territoire, d’un territoire régional, national ou peut-être européen. Cet attachement local permet d’initier des listes pour les municipales, qui ne seront plus simplement « citoyennes » mais plutôt des listes « coopératives et citoyennes », impliquant une adoption des notions de sociocratie ou de municipalisme et d’un mandat coopératif.

Pour ceux qui veulent payer une cotisation ou faire un don, on ne change rien et ils bénéficient de la déduction d’impôt.

11 – Le Réseau des MACCE au niveau national (ou européen).

Le CNARC devient le Comité national des assemblées des MaCCE (CNAM).

Le CNAM est une délégation des assemblées en charge de l’animation politique du réseau ainsi créé. Il joue un rôle politique au niveau du Mouvement, en étant l’interface de l’engagement citoyen et de l’action politique de proximité et, ceci, en particulier au niveau de l’Agora. Ce CNAM ne met pas en place de structure pyramidale, mais correspond à l’objectif de transversalité porté aujourd’hui par le CNARC. Toute idée de coordination doit être exclue.

Le Réseau des MACCE est à la fois porteur de repères pour l’activisme local et acteur de l’articulation politique avec la représentativité politique. Il reflète une dynamique politique qui vient enrichir l’action institutionnelle partidaire.

 

12 – Un petit schéma pour imager
Les espaces en jaune dans le schéma sont des lieux d’inclusion et non d’homogénéisation.
Les espaces en orange sont des lieux de délégation coopérative.
Les espaces en blanc sont des présences de structures ayant leur propre identité.

 

En conclusion

 

Mettre en place une organisation ou l’on trouve au minimum deux types de structure d’inclusion qui sont des lieux d’intelligence collective

  • Une Agora national
  • Des Maisons Autonomes Coopératives.

La conciliation des tensions de chacun  nécessaires à une participation commune se réfère à une éthique contenue dans la charte acceptés par tous.

Dans ces structures d’inclusion on y trouve trois collèges à l’identité parfaitement repérée permettant d’aborder la complexité des enjeux avec le maximum d’éléments permettant de dépasser la compréhension et l’engagement de chacun.
Ces collèges représentent les trois catégories de tensions primaires permettant d’envisager une juste synthèse : l’individu, le collectif, l’expertise

Pour l’Agora National : les trois collèges sont repérés ainsi

  • Fédération des partis écolos
  • Réseau des Maisons Autonomes coopératives
  • Représentation des expertises (voir note1) collectives thématiques (sociales, syndicales et de défenses, techniques et scientifiques)

Note 1

L’expertise sociales, syndicales et de défenses, techniques et scientifiques est importante et doit être prise en compte de la même manière que l’expertise citoyenne et l’expertise de gestion du collectif.

En politique, ces « expertises » forment la « rationalité savante » qui n’est pas du même ordre que la « rationalité ordinaire » qui permet d’agir. Cette rationalité ordinaire ne peu se construire que dans des endroits ou chaque connaissance peut interroger l’autre au travers de son identité et d’une éthique commune, ce que j’appelle des lieux d’inclusions. L’Agora (national et de préférence Européenne) et les Maison Coopératives (basée sur le lien et le présentiel de proximité) sont donc ces lieux de rationalité ordinaire. C’est pour moi la base d’une démocratie coopérative.

Ce que nous vivons aujourd’hui dans une démocratie de délégation oblige un individu élu à interroger seul toutes ces expertises, avec son éthique personnelle. Cette interrogation menant à « une juste synthèse » est tellement complexe qu’elle nécessite des individus exceptionnels. De plus, ceux-ci, au mieux, pour objectiver toutes ces subjectivités ne pourront le faire qu’au travers de leur éthique personnelle en imaginant une éthique collective. Malheureusement dans cette situation d’individualisation, la réponse amenée se limite à la « capacité » de l’individu élu et se prive de la richesse de l’intelligence collective.

Co-élaboration menée par

Christian Olive

Coopérateur EELV

Languedoc-Roussillon

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