la France est un pays riche ?

Je vous recommande la lecture de ce texte produit par Lydia Morlot, membre de la « commission Post Croissance ».

Il m’a semblé intéressant pour sa manière de mettre en lumière le fait qu’il y a un certain nombre d’affirmations « très admises » qu’il serait bon de remettre en cause … ne plus laisser dire.

N’hésiter pas à la commenter

Christian OLIVE

Coopérateur LR

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Bonjour

Je suis toujours interrogative quand je lis « la France est un pays riche » pour justifier toutes sortes de dépenses, que ce soit dans les services publics ou pour financer la solidarité. De quoi parle t on ?

– concernant l’état, il est endetté à milliards, affiche un déficit chaque année qui creuse un peu plus la dette, et la moindre réduction de dépense dans quelque domaine que ce soit fait crier ceux qui la subissent. Des secteurs entiers sont en manque de moyens, fonctions régaliennes (justice, sécurité… ) ou pas (hôpitaux, enseignements …) et on ne sait pas ou trouver l’argent pour les financer. Il a très peu de recettes issues de la production, (et il y en aura de moins en moins avec les privatisations),  l’état est financé par l’impôt et autres prélèvements… qui repose sur les habitants. Sont ils riches ?

– concernant les habitants, le revenu médian est 1700 euros par mois ; même pour le dernier décile (les 10 % les plus riches), le revenu moyen du décile est d’environ 3100  € par mois. On peut dire que ceux là vivent aisément, mais je ne sais pas si on peut les qualifier de « riches » qui accepteront facilement de contribuer encore plus qu’aujourd’hui aux dépenses publiques. La grogne des retraités, y compris les plus aisés,ou le refus affiché sur le « niveau d’impôt »  montre qu’il en est rien.

– les riches il faut aller les chercher dans le 1% de la population, et sans doute même dans les 0,1 % voire les 0,01 de la population ; ces gens là font certainement de l’optimisation fiscale, via les niches tout à fait légales, ou par des montages plus que limites grâce à des banquiers peu scrupuleux, mais ils sont très mobiles et si le système est trop contraignant du point de vue de l’impôt ils le contournent ou s’expatrient ; ajoutons que plus les gens sont riches, plus ils tirent leur revenu de la finance, dont on peut se demander ce que ça devient dans une société en effondrement ; les crises financières en sont un bon exemple, où certaines fortunes disparaissent.  J’ai l’impression que l’idée de faire payer les très riches est un leurre « de gauche » pour donner l’impression que les  90 % de la population vont vivre mieux ou aussi bien, sans avoir à changer quoi que ce soit les concernant, à part augmenter leur niveau de vie. Bref, c’est un gros mensonge, je dirais même qu’on est dans l’argument caractéristique des discours populistes qui ont besoin d’un coupable ou d’un bouc émissaire. Ayons une approche écologiste qui consiste à regarder en face que l’on ne peut utiliser distribuer ou répartir que ce dont on dispose réellement. C’est ce qui se passe dans les écosystèmes et c’est exactement ce que l’on dit quand on mesure l’empreinte écologique : elle se calcule en fonction des ressources physiques de la planète, pas des supposées richesses infinies de la finance.

– concernant le territoire, c’est peut être là que nous sommes riches : par notre climat, nous avons de l’eau, de la lumière, pas trop de sècheresse l’été ni de terres gelées plusieurs mois par an, donc un territoire propice à l’agriculture et à une vie plutôt agréable… mais la plupart de nos concitoyens n’ont aucune conscience de cette chance et aucun respect pour cet avantage naturel, que le changement climatique et nos pratiques actuelles mettent en danger. Nous sommes également riches de l’éducation de la population, et  d’un niveau d’infrastructure et de service très haut, bâti sur notre ex empire colonial mais aussi par une plus grande répartition entre les gens (malgré tous ces défauts, merci la république Française, qui a une ambition pour ces citoyens)  que dans les pays pauvres (j’avais lu d’un économiste brésilien qu’avec notre niveau d’impôts, des pays comme le Brésil seraient comparable au nôtre) mais les infrastructures se dégradent et les services publics souffrent du manque de moyens.

– dans le passé on était aussi riche d’une population nombreuse, qui permettait d’assurer une politique expansionniste et des soldats pour les guerres, et de la main d’œuvre pour produire. Aujourd’hui une part de la population n’a pas d’emploi et n’est pas un facteur de richesse mais au contraire une charge. C’est d’ailleurs bien ce qui coince pour l’accueil des réfugiés : ceux qui n’ont rien ou pas grand chose, qui rament pour trouver un appart ou un boulot, ne sont pas forcément bien armés pour accepter cet accueil. Après hop, un bon discours nationaliste au racisme plus ou moins déguisé, et nous évoluons vers les pires démons de l’humanité.

Alors où sommes nous riches ? où allons nous trouver les moyens pour améliorer les services, distribuer de l’argent, donner des mois supplémentaires de congés payés, réduire le temps de travail sans perte financière ?

Le partage, ça a un sens très précis : on donne à celui qui n’a pas assez, mais ce qu’on donne on l’a plus pour soi même. Il ne faut pas se raconter d’histoires.

C’est bien le problème du revenu de base : bien sur qu’on peut trouver des mécanismes pour le financer, les propositions ne manquent pas sur le sujet ; mais comme on ne crée pas de la richesse ex-nihilo, comme les plus riches s’échapperont toujours du système, le RDB sera financé par les actifs qui sont un peu mieux lotis que les autres. Et je le dit avec Jean Marc T depuis longtemps, le système ne peut pas tenir en euro et dans la compétition internationale : on est obligé de penser en monnaie locale/ nationale si on a un système de solidarité national ; c’est tout le problème de notre système de solidarité actuel : si l’argent distribué en France tournait sur l’économie Française en créant de l’activité comme cela était le cas avant la mondialisation, ça marcherait. Mais ce n’est plus le cas, la solidarité Française alimente les économies (et l’emploi) dans d’autres pays.

Donc vu notre balance commerciale déficitaire et la baisse de notre capital naturel (fertilité des sols, stocks de poisson, surfaces agricoles, qualité de l’eau des rivières et des nappes phréatiques, biodiversité…) je ne pense pas que notre pays s’enrichisse mais au contraire qu’il s’appauvrit. Et comme nous sommes de plus en plus nombreux , y compris en France, et que nos ressources naturelles diminuent, les seules qui compteront au final en cas d’effondrement, il y a en a de moins en moins pour chacun de nous dans le meilleur des cas, quelque soit du reste son niveau de vie, ou alors les inégalités se creusent,  : c’est exactement ce que vivent tous les gens qui sont en train de manifester en ce moment contre les réformes de Macron.

Alors arrêtons de nous mentir sur ce que sera la société post croissance. Il y aura moins de ressources et de richesses à partager, et on sera plus nombreux à en avoir besoin. Seule une réduction drastique de la population pourrait alléger un peu les restrictions. Je suis sure que certains y pensent, mais plus en se résolvant à la famine et la guerre plutôt que par des méthodes douces.

amitiés

Lydia

Remarque : quelqu’un a dit sur la liste qu’avec moins d’énergie il y a aura beaucoup de travail donc qu’il ne faut pas parler de réduction du temps de travail ; en fait du boulot il y a en a déjà partout, il suffit d’aller aux urgences ou de visiter des personnes âgées dans un EHPAD, ou d’aller dans certaines boites privées voir la surcharge de boulot pour s’en apercevoir. Ce qui manque, c’est l’argent pour les rémunérer.  D’ailleurs dans les pays très pauvres, tout est à faire et pourtant les gens n’ont pas de boulot, ils migrent.

2 réflexions au sujet de “la France est un pays riche ?

  1. . Entre 1978 et 2007, la valeur du patrimoine national a été multipliée par huit, pour atteindre 12 513 milliards d’euros, selon une étude publiée hier par l’Insee.
    c’est d’ailleurs pourquoi la france peut emprunter à des taux inférieurs à 1%
    d’accord la richesse n’est pas partagée
    😉

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